Entre les préoccupations des masses populaires et la fébrilité de certains journaux

dimanche 18 octobre 2015
par  Alger republicain

Seuls certains journaux à grand tirage focalisent leur intérêt sur les discours et sur tous les événements provoqués par des querelles réelles ou supposées qui opposent ou opposeraient les différents cercles du régime.

D’ailleurs plusieurs titres se sont interrogés à la Une sur ce que cachent les propos d’Ouyahia, sur le limogeage de Benyounès, sur la mise en retraite de généraux de l’ANP, sur le silence de Saïdani et bien sûr sur ce qui motive le président de la République et son clan pour prendre les décisions contre des généraux de l’armée.

Par contre, ils ne se posent pas de questions sur ce qui motive les dirigeants du Forum des Chefs d’Entreprises à faire des propositions au gouvernement pour soi-disant sauver le pays de la catastrophe qui plongerait le pays dans un chaos économique et sociale et mettrait en danger son existence même. Ces journaux, motivés par une curiosité intéressée, n’ont pas souligné les dangers reflétés par le discours du directeur de cabinet de la présidence de la République. A qui s’adresse-t-il, puisqu’il est aussi impliqué dans la gestion des affaires publiques, à travers ses déclarations qui dénoncent on ne peut plus clairement, la faillite de la gouvernance du pays ? Des sources au sein du parti de Mr Ouyahia démentent les allégations de ces journaux qui soupçonnent que ses propos visent Sellal, le chef du gouvernement. Viserait-il alors une institution parallèle secrète qui gouverne le pays ?

Quelles que soient les réponses à ces deux questions ou à celles qui en découlent, la réalité quotidienne montre que le gouvernement apparent et celui non apparent ne sont nullement préoccupés par le développement au profit des couches populaires démunies et pour le progrès social. La glorification par Ouyahia de l’oligarchie en criant ‘’vive l’oligarchie’’ est une déclaration inquiétante. Elle signifie l’allégeance à la ploutocratie qui ne se soucie nullement de l’Algérie et dont les intérêts sont étroitement dépendants de ceux du capitalisme international. C’est le seul objectif du discours de secrétaire général par intérim du RND, une façon de tranquilliser les organisations patronales, en confirmant qu’il ne s’attaquera pas à leurs intérêts, et d’encourager les ministres de son propre parti, Bouchouareb et compagnie, à persévérer dans l’application « du programme du Président ». C’est vraisemblablement pour ces raisons qu’il a été rappelé aux commandes de son parti. Tout le reste de ses propos constitue l’enveloppe savonneuse qui lui permet de franchir les obstacles que lui préparent ses adversaires politiques au sein de ce qu’ils appellent l’alliance présidentielle et surtout pour leurrer ceux qui attendent de lui un redressement dans le fonctionnement des institutions.

Enfin, ni lui ni le gouvernement ne peut redresser la situation au profit du règlement des problèmes des larges masses populaires et de l’économie nationales. Les remises en cause des décisions prises, en public, par le premier ministre et ses ministres indiquent bien qui gère le pays. C’est pour cela que les larges masses populaires n’attendent plus rien du gouvernement. Elles ont l’intime conviction qu’elles ne font plus partie de son programme. Chaque jour que Dieu fait elles déploient des efforts incommensurables, face aux raquetteurs mafieux, aux interdits, à la persécution des forces de polices, à l’exploitation des patrons, chacun selon ses moyen de survie, pour gagner sa croûte et faire vivre sa famille.

Les quelques mesures que ce gouvernement a prises pour tenter de neutraliser le mouvement social par quelques concessions, comme le programme ANSEJ de lutte contre le chômage, n’ont en définitive profité qu’aux concessionnaires de véhicules et aux autres importateurs d’équipements. Par contre une grande partie des jeunes qui en ont bénéficié, incapables d’exploiter les équipements dont ils ont bénéficié et aussi de rembourser les crédits octroyés, se trouve dans une situation de détresse.

C’est le cas de toutes les mesures prises pour soi-disant répondre aux préoccupations des citoyens. Elles doivent en fin de compte combler les désirs des milieux d’affaires. Enfin, toutes les actions que le gouvernement essaie d’engager, et les tergiversations qui en découlent pour définir leurs contenus, au sein des cercles bourgeois pour lesquels il travaille, trahissent manifestement son parti pris.

Pour le reste, il en ressort même l’impression d’un désintéressement total de la gestion du pays. Son attitude vis-à-vis des affaires de corruption, de la violence verbale prônée par les représentants de l’idéologie obscurantiste, des dépassements des forces de polices, des foyers de tension dans le Mzab, des problèmes sociaux des larges couches de la société etc., le prouve de manière indéniable.

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Rezki El-Fhaïmi