Marches populaires contre un 5e mandat de Bouteflika

vendredi 1er mars 2019
par  Alger republicain

Depuis le 22 février des marches et manifestations populaires, ont lieu dans de nombreuses régions du pays pour exprimer le rejet de la candidature de Bouteflika à un 5e mandat. Elles se déroulent dans une ambiance pacifique rare vu l’ampleur de la mobilisation des marcheurs en grande majorité des jeunes.

Selon les premières informations elles ont touché une quarantaine de wilayates. Aucun débordement majeur n’est signalé en dehors de l’interpellation d’une quarantaine de manifestants par la police. Les portraits du président accrochés sur les murs des villes où ont eu lieu ces marches ont été tous enlevés déchirés, puis piétinés sous les yeux des agents de polices qui n’ont pas réagi. Les mots d’ordre scandés ne ciblent pas uniquement la candidature du président Bouteflika au 5e mandat. Les manifestants revendiquent aussi le changement du régime et le départ des hommes du pouvoir. En voici quelques uns « pas de 5 ème mandat » « la Bouteflika la Said », « pouvoir assassin », « Ouyahia Bouteflika houkouma irhabia », « y’en a mare du régime », « rohou ksartou lebled » se sont les plus scandés. De temps en temps des individus commencent à raconter à haute voix, en hurlant, leur malvie et toutes les misères qu’ils subissent. Certains se mettent à enlacer les policiers en leur disant « nous sommes tous des Algériens ». Une grande fierté se lisait sur les visages de tous les marcheurs en signe d’une grande réussite de leur action.

Plusieurs observateurs ont remarqué la qualité de l’organisation et le comportement exemplaire des forces de police qui font penser qu’il s’agit d’une action qui a bénéficié d’une grande préparation par des mains habiles et bien placées.
Tout laisse croire aussi qu’il s’agit d’une opération de neutralisation des forces politiques qui soutiennent le 5e mandat avant le déclenchement de la campagne électorale, afin, de dégager le terrain au candidat de l’alternative soutenue par Rebrab et l’UE. Cette alternative qui n’est le fruit d’aucune force politique organisée ayant une légitimité légale et surtout portée par une base sociale capable de la défendre. Elle est le fruit d’une stratégie, élaborée par des officines internes et externes, répondant aux objectifs géostratégiques. Elle porte en elle un handicap majeur. Ses concepteurs ont pris le soin de programmer son élimination au moment opportun en s’appuyant sur les points faibles de l’adversaire pour neutraliser ses points forts.

Les jours prochains mettront à nu le plan de ceux qui cherchent à exploiter le mécontentement et la colère des jeunes contre un régime honni par les masses populaires. Ceux-là veulent simplement remplacer des groupes au pouvoir discrédités par d’autres portant des habits neufs sur un corps pourri mais grand sourire carnassier aux dents. Mettre Chab Moussa à la place de Hadj Moussa afin de sauver les positions des classes dominantes enrichies par l’exploitation et la rapine, tel est le but des groupes d’oligarques hostiles au pouvoir actuel et aux autres oligarques qui prospèrent grâce à lui. Car elles sont terrifiées à l’idée d’être balayées par un soulèvement populaire à cause de l’ entêtement de l’équipe dirigeante de maintenir des hommes vomis par les citoyens. Il n’est pas dit que les tireurs de ficelles réussiront leur plan. Ils ont mis le doigt dans un processus qui les dépassera tant est immense la colère des masses populaires contre les exploiteurs, les trafiquants, les potentats qui briment et méprisent les jeunes et les travailleurs. La colère des masses populaires n’est pas dirigée seulement contre le pouvoir de Bouteflika, Ouyahia, et de ceux qui sont derrière le rideau, mais contre toute cette classe arrogante, que ses représentants soient au pouvoir ou dans l’opposition de surface.

Les marches de ce vendredi 1 er mars donneront un aperçu sur les orientations que les luttes vont prendre au grand jour.

RN