Rebrab à son tour rattrapé par un nouvel épisode du « Panama Papers »

dimanche 21 août 2016
par  Alger republicain

Le scandale international provoqué par la divulgation [1] en avril dernier des comptes bancaires offshore du Panama Papers n’a pas fini de créer des remous en Algérie. Le ministre de l’Industrie, Bouchouareb a été parmi les premiers à être jeté en pâture. Le quotidien français Le Monde, avait révélé qu’il était détenteur de 700 000 dollars dans la société Royale Active Corp domiciliée au Panama

C’est maintenant au tour du magnat Rebrab d’être cité dans cette scabreuse affaire. Le Monde du 27 juillet révèle qu’il avait domicilié une société au Panama en 1992. Ses comptes auraient été alimentés par une partie de l’argent issu des activités liées à l’importation du rond a béton [2]. Il avait été en effet le bénéficiaire principal des 300 millions de dollars que le SACE - organisme italien de couverture des exportations -avait prêtés en 1992 aux banques algériennes pour l’importation de ce produit. Heureux élu de cette opération providentielle, c’est à lui qu’échurent les deux tiers du crédit à un moment où l’Algérie était au bord de l’asphyxie financière.

Par la suite il demanda la fermeture de la société dont le compte finira par être transféré en Suisse selon les précisions du même quotidien du soir français.

Rebrab a opposé un démenti à cette information en la qualifiant de « factuellement fausse », une curieuse formule dont on peut se demander ce qu’elle veut cacher. Il a menacé de poursuivre le journal Le Monde en justice dès qu’il aura obtenu de ses avocats parisiens les conseils avisés sur la riposte la plus appropriée.

Les journaux hostiles à Bouchouareb ont consacré de nombreux articles, et durant de longues semaines, à la stigmatisation de ce dernier pour son implication dans le Panama Papers. A juste raison dans la mesure où un responsable officiel doit s’expliquer sur l’origine des fonds assez substantiels qu’il détient à l’étranger. Mais étrangement ces mêmes journaux, qui ont repris de façon succincte les révélations du Monde, ne sont pas revenus avec une égale opiniâtreté sur le compte offshore de Rebrab. Ce qui accrédite la thèse de guerres de clans par presse interposée.

Au fond il semble bien que certains milieux en veulent à Bouchouareb non pour une transgression des lois du pays mais pour avoir opposé un non catégorique à Fabius lorsque celui-ci avait plaidé auprès de lui la cause du patron de Cevital. Faisant profil bas, Bouchouareb n’avait pas brandit le rejet des ingérences extérieures pour le remettre à sa place. Il avait simplement argué que l’Etat doit aussi se préoccuper des besoins d’autres entrepreneurs, Rebrab ayant suffisamment bénéficié de grandes largesses des autorités publiques. Bref qu’il laisse à d’autres un peu du « capitalisme de la mamelle ».

Quoi qu’il en soit, on comprend bien la discrétion de la presse dans le traitement de cette nouvelle affaire. Rebrab est aussi implacable que le pouvoir dans ses relations avec les journaux, toute critique à son endroit étant sur le champ punie de privation de publicité Cevital. Et puis, les menaces de poursuite pour « diffamation » s’adressent à tout le monde au cas où il viendrait à un journal l’idée de ternir sa belle réputation d’ « homme libre » et de « capitaine d’industrie ».

K.B.


[1Par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ). Pour ceux qui voudraient en savoir un peu plus sur les sponsors de ce groupe, il ne serait pas sans intérêt de chercher à connaître l’opinion des animateurs de Wikileaks.

[2Lire lemonde.fr/afrique/article/2016/07/26/algerie-les-dessous-de-l-ascension-fulgurante-de-l-industriel-issad-rebrab_4974802_3212.html  ?xtmc=rebrab&xtcr=2