Représentants des partis au pouvoir et descendants de caïds et de bachaghas de sinistre réputation, même combat et intérêts communs ?

dimanche 11 juin 2017
par  Alger républicain

C’est incroyable, les partis qui constituent la force principale du pouvoir n’arrêtent pas de faire référence aux martyrs de la guerre de libération et à leur mémoire. Mais il se trouve dans l’administration publique - aux mains de ces mêmes partis - des responsables qui toute honte bue agissent avec zèle pour conforter les familles notoirement connues pour leur collaboration avec le colonialisme, au détriment des populations spoliées par l’armée et l’administration coloniales. Aucun de ces partis qui se réclament de la « famille révolutionnaire » n’a, depuis que la famille Smail a commencé à harceler les agriculteurs de l’ex-domaine autogéré Hamdani Amar, levé le petit doigt pour mettre fin à l’affront que cette famille et ses sbires dans les institutions de l’Etat, veulent faire subir aux populations de la région.

Une tendance qui explique clairement par ailleurs pourquoi l’arrière-petite-fille du Bachagha Bengana - un suppôt tristement célèbre du colonialisme qui avait tyrannisé la région de Biskra - a pu faire sur une chaîne de TV publique la promotion du livre qu’elle a écrit à la gloire de son odieux ancêtre. Elle a poussé le culot jusqu’à l’élever au rang de personnage honorable au pays de la Révolution de Novembre ! Mais pourquoi se serait-elle gênée à déformer l’histoire de façon aussi grossière ? N’avait-elle pas été invitée à un séminaire sur le thème … « lecture de la Proclamation du 1er Novembre 1954 » ! ?
Et n’a-t-on pas vu des députés du groupe du FLN se faire un honneur - indigne - à se photographier tout sourire en sa compagnie, dans les locaux d’une institution de souveraineté ?

Il paraît que la descendante du bachagha a trouvé des oreilles attentives côté algérien pour servir de trait d’union entre les nouveaux possédants de l’Algérie et la bourgeoisie impérialiste française. Soixante après, la « 3e force » tant rêvée par de Gaulle serait-elle en voie de réalisation ? Le mandataire de la grande bourgeoisie métropolitaine voulait attirer vers lui une vaste force de collabos indigènes acceptant, sous un nouveau drapeau, de servir de filet de camouflage pour perpétuer la domination économique sur l’Algérie. Il avait échoué devant la résistance du peuple algérien et de ses valeureux combattants. Le refus de « la paix des braves » fut chèrement payé. Combien de combattants tombèrent au champ d’honneur après avoir rejeté avec mépris l’invitation de de Gaulle ? Ils doivent se retourner dans leur tombe au spectacle indécent de l’accueil chaleureux réservé au travail de réhabilitation du bachagha par sa descendante.

T.Gh/K.B.
Article publié dans la version papier du journal de Mai-Juin 2017