Socothyd : Les 25 travailleurs arbitrairement licenciés toujours déterminés à obtenir gain de cause

lundi 28 février 2011
par  Alger républicain

Ils poursuivent leur action jusqu’à l’application des décisions de justice ordonnant leur réintégration.

Depuis plusieurs jours ils tiennent un sit-in permanent devant l’entrée de leur usine. Une tente, des tables et des chaises ont été installées sur le petit terrain vague qui fait face à cette entrée. Sur de larges banderoles l’arbitraire et les atteintes à la dignité du travailleur sont dénoncés. Ils expliquent sans répit les raisons de leur action aux passants. En fait ils les tiennent au courant de l’évolution des résultats de leurs luttes car toute la population de la petite bourgade des Issers, à 50 km à l’est d’Alger, sur la route qui mène à Tizi Ouzou, est au courant de l’injustice qui leur est faite.

Avec leurs enfants et leurs familles, ils bravent les caprices et les rigueurs du temps. Ni le froid et l’humidité de la nuit, ni la pluie ne semblent éroder leur volonté de venir à bout de l’entêtement des responsables de l’usine dans leur refus de les rétablir dans leurs droits. La population manifeste de diverses façons sa solidarité avec eux. De nombreuses familles leur offrent des repas chauds pour les aider à tenir dans leur lutte. Des automobilistes s’arrêtent devant la tente pour déplorer cette injustice. Ils les encouragent à ne pas baisser les bras et invitent tous ceux qui peuvent les aider à transmettre le message aux autorités pour réparer cette injustice. Le président de l’association des commerçants des Issers se tient lui aussi à leurs côtés. Il déclare que le sort des commerçants est lié à celui des travailleurs : « Quand l’emploi baisse, le commerce prend un coup », dit-il. Il ne comprend pas les raisons qui poussent le directeur de l’usine à refuser de reprendre des pères de famille qui n’ont que leur travail pour vivre. « Même en admettant qu’ils aient pu faire des erreurs, leur licenciement est une sanction disproportionnée et injustifiable ». Il considère que ce qui se passe à la Socothyd peut être le déclencheur de graves évènements comme ceux qui sont en train de toucher les pays arabes.

L’action des travailleurs a failli se conclure par un drame la semaine dernière. Désespérés de ne pas trouver d’interlocuteurs, des travailleurs se sont aspergés d’essence. L’ancien responsable organique de la section syndicale et ancien président du Comité de Participation en a ingurgité jusqu’à perte de connaissance. Fort heureusement d’autres parmi leurs camarades se sont opposés au geste qui aurait pu être fatal. Les désespérés ont pu recevoir les soins à l’hôpital. De nombreux citoyens et syndicalistes ont déconseillé le recours à ces formes de protestation.

Le licenciement de ces travailleurs a été ordonné il y a plus de 5 ans en représailles à leur opposition au projet de privatisation de l’entreprise. Parmi eux se trouvent des syndicalistes et délégués du personnel, en principe protégés par la loi dans le cadre de leur mandat. La loi est violée en toute impunité.

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Travailleurs de Socothyd
Sûrs de la justesse de leurs cause, ils font le « V » de leur victoire inéluctable.

Les grèves et sit-in organisés par les représentants des travailleurs ont sensibilisé l’opinion. Grâce à leur action, le projet de privatisation a été gelé. Inaugurée dans les années 1960, l’usine des Issers fournit tous les hôpitaux en coton, pansements et bandes plâtrées. Mais depuis la libéralisation de l’économie des requins liés à de hauts responsables cherchent à s’en emparer et à mettre la main sur les vastes étendues de terres de l’entreprise. Ou tout au moins à couler la production nationale en favorisant l’importation avec la complicité de responsables qui n’ont aucun respect pour l’intérêt national. Certains de ces travailleurs ont été licenciés pour avoir dénoncé une trouble affaire de substitution de l’importation de produits de moindre qualité, voire périmés, aux dépens de la production de l’usine. Une femme qui totalise plus de 27 ans d’ancienneté dans l’usine fait partie des travailleurs jetés à la rue. Des nervis lui ont cassé le bras. Son tort est d’avoir exprimé sa solidarité avec la première vague des victimes de l’arbitraire en leur portant à manger !

La direction a esquissé une petite marche arrière en décidant de réintégrer une partie des travailleurs. Mais elle maintient sa décision de ne pas reprendre les représentants syndicaux et ceux qui ont dénoncé les pratiques attentatoires aux intérêts de l’entreprise. Ces décisions ont été jugées comme une tentative grossière de division. Les 25 restent solidaires. Ils demandent à être réintégrés tous ensemble et sans condition.

Avec leurs amis et voisins, avec le soutien de la population et de nombreuses associations de la région, ils se préparent à la marche prévue pour le mardi 1er mars à 9 heures pour réclamer leur réintégration dans leur poste de travail.

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Nadir

27.02.11