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Il y a 20 ans, était assassiné un homme de valeur : Hafid Senhadri
lundi 18 mars 2013
Hafid Senhadri a été ravi à la vie un certain quatorze mars 1993, il y a donc vingt ans. Des islamistes assassins, mandés probablement par le Front islamique du djihad armé (FIDA), une organisation née du Front islamique du salut (FIS) l’ont attendu le matin de cette journée au bas de l’immeuble où il habitait sur les hauteurs d’Alger pour l’abattre à bout portant au moment où il se mettait au volant de sa voiture.
Transféré à l’hôpital dans un état comateux, Hafid décède quatre jours plus tard. Le FIDA s’était spécialisé dans la chasse aux intellectuels algériens considérés alors comme l’un des obstacles majeurs à la concrétisation des rêves de tous les fanatiques de ce type de république islamique où les idées de progrès n’ont ni place ni avenir.
Hafid Senhadri était de ce genre qui dérangeait et, pas uniquement les intégristes politicoreligieux parce que c’était un homme d’esprit et d’action. Il fut, d’abord, un professionnel de la radio durant les années soixante-dix, déjà pendant qu’il poursuivait des études à l’Institut des sciences politiques et de l’information (ISPI). Il était avec sa voix au timbre unique, grave, très grave, et profond un cas part. Son dynamisme et l’intelligence avec lesquels il concevait son travail faisaient de lui un animateur- radio écouté et aimé. Hafid était sorti de Sciencepo avec un diplôme en sciences de l’organisation qui lui avait permis d’embrasser une carrière dans l’administration centrale où eut à assumer des responsabilités dans trois ministères : Travail et Affaires sociales, l’Education nationale où il fut secrétaire général et l’Habitat.
Il fut, dans deux de ces ministères, collaborateur du regretté Aboubakr Belkaïd, qui lui aussi a été victime de la horde islamiste. Cadre de l’Etat, Hafid l’était mais pas comme un bureaucrate. Il intervenait dans la presse par des contributions réfléchies tout aussi que pertinentes pour inciter à l’ouverture et à la modernisation de l’administration. Il était surtout demeuré un homme d’action résolument tourné vers l’avenir. C’est ainsi qu’il fut membre fondateur et président de l’Association algérienne des cadres de l’administration publique (ANCAP) qui fut une partie très active avec l’UGTA et son SG Abdelhak Benhamouda, dans la mise sur pied du fameux Comité national de sauvegarde de l’Algérie (CNSA). Ce dernier rendit public un communiqué au lendemain du premier tour des législatives de 1991-92 pour appeler à l’annulation du scrutin à l’issue duquel le FIS était en train de s’installer comme un nouveau parti hégémonique presque seul sur la scène politique.
Avec la venue de Boudiaf à la présidence de l’Etat, Senhadri sera appelé au Conseil national consultatif mais il ne survivra que quelques mois à la disparition du vieux président qui fut fauché en plein élan par les balles assassines de l’officier Lambarek Boumaârafi. Hafid laissa deux enfants en bas âge. Heureusement, qu’ils avaient aussi une maman courageuse qui parvint, malgré tous les défis à relever, à faire d’eux, un homme et une femme. Que ceux qui ont connu cet homme courageux, généreux et tellement féru de culture et particulièrement de musique aient une pensée pour lui rendre l’hommage qu’il mérite.
Ahmed A.
Note de la rédaction d’Alger républicain :
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Senhadri a sans doute commis une erreur en acceptant le poste de secrétaire-général d’un ministère confié à un membre "repenti" du FIS, ce parti fasciste qui avait exploité sans scrupule la religion pour tromper les jeunes. Son assassinat a été un signal politique clair : liquider ceux qui avaient empêché le FIS de prendre le pouvoir, neutraliser par la terreur la tactique du régime consistant à semer la division au sein de cette organisation fasciste.
Il est important de rendre hommage à un certain nombre de gens qui se sont opposés au FIS sans calcul personnel et qui l’ont payé de leur vie.