Les travailleurs de la SNVI en colère contre le patron de l’UGTA

samedi 16 janvier 2010

Ils ne sont pas satisfaits des « résultats » du conclave tenu à la Maison du peuple sous haute surveillance policière. Au complexe, il régnait toujours un climat de tension aggravé par la suspicion qui entoure les « actions » de la centrale syndicale. Les travailleurs sont plus que jamais méfiants à l’égard Sidi Saïd et son organisation, qui continuent à perdre le peu de sympathie qui leur restait au sein du monde du travail. Le jour même de la réunion d’Alger, des travailleurs nous disaient tout leur scepticisme quant à l’aboutissement de ce « énième acte d’une tartuferie pensée par le régime et exécutée par ses serviteurs ».
« L’UGTA, ou le pouvoir de manière générale, n’accepte pas qu’un mouvement spontané, qui s’organise en dehors de ses structures, aboutisse. Au début, ses éléments ont tout fait pour étouffer la contestation. Lorsqu’ils ont vu qu’au contraire, elle se répandait dans toute la zone, ils ont suivi. Ils iront cet après-midi recevoir les ordres que leur transmettra Sidi Saïd, sans plus »,

a ajouté notre interlocuteur. Jeudi matin, les travailleurs ont organisé une assemblée générale pour écouter le compte rendu de leurs représentants auprès du secrétariat général de l’UGTA, les responsables du syndicat d’entreprise, MM. Benmouloud et Zetoutou. Ceux-ci ont communiqué aux travailleurs réunis dans la cour, à l’entrée de l’usine, les « décisions prises par notre syndicat ».

« Ils nous parlent de l’annulation de l’article 87 bis du code de travail, une augmentation dans le cadre des négociations prochaines des conventions de branche et le gel de la nouvelle loi relative au départ à la retraite jusqu’à 2011.C’est une aberration ! »,
a lancé un travailleur.

Le collectif des travailleurs était remonté contre « cette autre tentative de manipulation ». A notre arrivée sur les lieux, les syndicalistes étaient partis et les travailleurs étaient encore là à échanger leurs points de vue sur ce qui venait de se passer. Approchés par nos soins, ils nous diront :
« Nos syndicalistes font le jeu du pouvoir qui actionne à chaque fois la centrale syndicale pour étouffer les luttes ouvrières. Depuis quand un syndicat décide-t-il d’augmenter les salaires ? Si cette augmentation ne tenait qu’à Sidi Saïd, pourquoi ne l’a-t-il pas décrétée avant ? Il est navrant qu’une certaine presse rapporte des incongruités pareilles dans le but d’anéantir nos efforts. Cela fait 10 jours que nous sommes en grève et voilà que des syndicalistes disent qu’ils ont décidé enfin de nous accorder une augmentation de salaires. Nous n’avons pas demandé à l’UGTA de décider au sujet de nos revendications, nous avons seulement exigé de lui de porter nos revendications. Seul le gouvernement peut répondre par rapport à l’issue qui leur est réservée. Nous avons carrément demandé à nos ’négociateurs’ de se retirer et de nous laisser tranquilles. »

Un travailleur visiblement très en colère
« contre l’attitude de l’UGTA du sommet jusqu’à ses prolongements locaux » nous a déclaré : « Nos revendications sont ignorées, nous allons poursuivre le mouvement de grève. Nos émissaires auprès de Sidi Saïd nous disent que si nous sortons dans la rue, ils ne vont pas nous soutenir. Voilà ce qui les dérange, les manifestations de rue. Et il est visible que ’sidhoum’ Saïd les a chargés de casser le mouvement. Aujourd’hui, nous sommes restés à l’intérieur de l’usine pour débattre profondément du problème, mais la semaine prochaine, nous réinvestirons la rue. »
Revenant aux « fameuses décisions prises lors de la réunion de jeudi dernier », un autre travailleur lancé :
« Est-ce dans les prérogatives de l’UGTA d’annuler un article de loi et d’en geler un autre ? C’est aberrant ! Nous nous adressons aux pouvoirs publics qui ne se sont jamais souciés de la situation du citoyen algérien et nous voulons des décisions concrètes. Les promesses, nous en avons eu des centaines. Elles n’ont jamais été tenues. »

Dans les autres entreprises, comme Anabib, Mobsco et Tameg, les travailleurs ont repris l’activité, mais tous disent qu’ils reprendront la protestation si les promesses ne sont pas tenues. A rappeler que sur les quelque 11.000 travailleurs qui ont adhéré au mot d’ordre de grève lancé le 5 janvier, 6000 environ sont de la SNVI. Et ce sont eux qui ont mené le mouvement.

.

Par Kamel Omar

in El Watan

16.01. 10