A l’occasion de la journée internationale de l’enfance

lundi 1er juin 2020
par  Alger republicain

Nous publions sur la proposition d’un ami du journal un extrait du livre « La grande aventure d’Alger républicain » de Henri Alleg, Abdelhamid Benzine et Boualem Khalfa. Cette extrait raconte la contribution des enfants algériens à la vente et à la défense de ce journal dans la lutte contre le colonialisme français et pour la libération nationale de l’Algérie.

AR

« L’attitude d’« Alger républicain » à l’égard des « petits vendeurs », ces gosses en haillons que l’on rencontre à tous les carrefours, qui, dès l’âge de sept ou huit ans, se débrouillent seuls dans la vie, en cirant les chaussures et en criant les titres des journaux, est un exemple de ce souci constant. Pour « l’Echo » ou « la Dépêche », ce ne sont que des « yaouleds » anonymes et méprisables que l’on rabroue et que l’on chasse, dans le style habituel, quand ils insistent pour proposer un service : « Sale race ! Emchi ! Fous le camp, la putain de ta mère ! » Ils dépendent de « chefs vendeurs » adultes et c’est avec ces derniers que traitent exclusivement les administrations des quotidiens colonialistes.

Pour « Alger républicain », ce sont des gosses de la famille, victimes du système. Ils ont droit à la solidarité et au respect, et ce ne sont pas là des mots vides de sens. La tâche des responsables du service des ventes sera de mieux les connaître, de les écouter, de leur expliquer qu’« Alger républicain » n’est pas un journal « comme les autres » mais qu’il se bat pour la cause de l’Algérie, pour la leur propre aussi, pour qu’un jour, ils puissent connaître une autre vie.

Ces gosses - que la dureté de l’existence a précocement mûris - comprennent en un clin d’œil. Ils deviendront des alliés et des défenseurs très conscients d’« Alger républicain ». Quand la situation politique se tendra et que les saisies se multiplieront, ils prendront d’eux-mêmes l’initiative de diffuser quasi clandestinement les exemplaires qui auront pu être sauvés des razzias policières et qu’ils cachent sous les titres de « l’Echo » ou de « la Dépêche ». Ils le font (ce sont aussi des enfants) un peu comme un jeu, prenant plaisir à ridiculiser les flics qui ne sont pas précisément leurs amis, mais, aussi, avec une extrême finesse, sachant flairer le fidèle d’ « Alger républicain » et, de même, éviter le client de la « presse d’en face » qui, sans doute, n’hésiterait pas à les dénoncer et à les faire arrêter. Ils sont parfaitement conscients du risque qu’ils prennent joyeusement et il faut voir leur air glorieux quand, cette diffusion illégale achevée, ils viennent rapporter le produit de leur vente. A Orléansville, on les verra aussi un jour, par solidarité avec « Alger républicain » saisi, boycotter la vente de tous les autres journaux.

Plusieurs fois dans l’année - notamment, à la fin du ramadan, pour la fête de l’ « Aid-es-seghir »- le journal les reçoit, autour de limonades et de gâteaux, et offre à chacun un short ou une chemisette. Par la même occasion, Kateb Yacine, Mohammed Gacem, Abdelkader Benamara, Boualem Khalfa ou Henri Alleg explique le sens de la manifestation : il ne s’agit pas de « charité » mais d’un témoignage d’amitié à l’égard de « copains » dont le rôle est grand dans le soutien au journal - le journal des pauvres justement - et que l’on veut remercier. »

Aujourd’hui, 58 ans après l’indépendance Alger républicain poursuit son combat. Contre le capitalisme et l’impérialisme, contre les exploiteurs et leur régime, contre le pillage des richesses du pays, pour un hirak exprimant les aspirations sociales et politiques des couches sociales qui ne vivent que du produit de leur travail, la lutte continue.

Alger républicain œuvre pour propager les idéaux d’une société plus juste, plus humaine, bref pour une société socialiste où les enfants peuvent étudier et se soigner gratuitement, vivre avec leurs parents dans la quiétude de l’emploi et du toit assuré, bénéficier des loisirs dans de beaux jardins, des vacances à la mer, des salles de jeux, de théâtre, de musique, de cinéma. Un monde libéré du système capitaliste qui condamne des centaines de milliers d’enfants à mourir de faim ou à périr sous les bombe dans les guerres menées contre la Syrie, la Libye, l’Iraq, le Yemen, les Palestiniens, les Sahraouis, etc.

Un monstre est en train de détruire l’humanité. Les valeurs humaines sont foulées au pied, seuls le profit et l’argent comptent. Il a pour nom : le capitalisme. Le meilleur exemple est le COVID-19 qui est affronté différemment selon qu’il sévit aux USA où l’argent dicte sa loi au système de santé ou qu’il est contré à Cuba où le pouvoir du capital a été éliminé. Aux USA, première puissance économique du monde, plus de 100.000 Américains ont perdu la vie. A Cuba la priorité donnée à la prévention a réduit à sa plus simple expression le nombre de victimes de cette épidémie. Cuba écrasée depuis 60 ans par le blocus criminel des USA, Cuba, pays pauvre empêché par un voisin impuni de se développer normalement , Cuba prend soin de la santé de son peuple et de ses enfants avant tout.

Comparez et tirez vos conclusions, citoyens intoxiqués par la propagande sur le mode de vie et le « rêve » américains.

En publiant ce texte en cette journée des droits de l’enfant, nous rendons hommage aux enfants d’Alger républicain qui ont participé à leur manière au murissement des conditions de la lutte pour la libération nationale et aux valeureux militants qui ont animé le journal.

M.T.