Décès de la moudjahida Evelyne Safir

mercredi 30 avril 2014

La moudjahida Evelyne Safir est décédée, vendredi soir, à l’âge de 87 ans, en son domicile à Médéa, a-t-on appris samedi auprès de ses proches.

Evelyne Safir, épouse de feu le journaliste Abdelkader Safir, née Evelyne Lavalette, en 1927 à Alger, est issue d’une famille de Pieds-noirs, installée depuis trois générations en Algérie.

La défunte a grandi à Rouiba, banlieue est d’Alger. Elle adhéra, en 1951, à l’Association de la jeunesse algérienne pour l’action sociale (AJAAS), à travers laquelle elle va mener des actions de solidarité en faveur des populations rurales qui vont lui permettre de découvrir les conditions précaires dans lesquelles vivaient ces dernières.

L’auteure de « Juste algérienne », une autobiographie retraçant son parcours militant au sein du Front de libération nationale (FLN) et des institutions officielles du pays, rejoignait les rangs de la Révolution en 1955, où elle participe par le biais de l’AJAAS à l’impression clandestine d’une revue du FLN.

Evelyne Safir sera engagée, par la suite, comme agent de liaison, chargée de l’impression de tracts, du transport de matériel, de l’acheminement des colis spéciaux et de l’hébergement de certains grands chefs de la Révolution, parmi lesquels, Les colonel Ouamrane, Slimane Dehilis, Krim Belkacem, Larbi Ben M’hidi, Mohamed Seddik Benyahia, Abane Ramdane et Benyoucef Benkhedda.

Elle participa, en 1956, à l’impression du 1er numéro du journal « El-Moudjahid » et assura également la transcription du communiqué final du « Congrès de la Soummam », de l’« Appel » à la grève des étudiants, ainsi que de la « Lettre » du chahid Zabana à ses parents, avant d’être guillotiné, en juin de la même année.

Arrêtée en novembre 1956 à Oran, lors d’une mission pour le compte de l’instance exécutive du FLN, elle sera jugée et incarcérée successivement à Oran, El-Asnam (Chlef) et El-Harrach (Alger). A sa sortie de prison, elle s’installa provisoirement en France, sous une fausse identité.

Un séjour qui sera de courte durée suite aux intimidations et menaces de mort proférée contre elle par des groupes extrémistes appartenant à l’organisation « La Main rouge », qui a précédé l’organisation criminelle « OAS » (Organisation de l’armée secrète). Elle s’exila, pendant deux ans, en Suisse puis regagna l’Algérie à l’indépendance.

Elle est élue à l’Assemblée constituante, puis à la première Assemblée nationale, en 1964, avant d’intégrer le ministère du Travail, en qualité de conseillère, avant d’ occuper le poste de directrice de l’Action sociale à Médéa, jusqu’à la fin des années 70.

Retraitée, elle s’installe à Benchicao, à l’est de Médéa, avec son défunt époux, doyen des journalistes algériens [1] puis déménagea, pour des raisons sécuritaires à Médéa, à partir de 1993 où elle passa le restant de sa vie.

Repris de Algérie Presse Service du 26 avril 2014


[1Note de la rédaction d’Alger républicain : en réalité, du vivant de Abdelkader Safir, le doyen de la presse était Boualem Khalfa. Notre camarade avait commencé avant lui sa vie de journaliste en s’engageant comme militant révolutionnaire dans Alger républicain. «  Connu pour sa modestie légendaire, Boualem Khalfa n’a jamais cherché à corriger cette inexactitude. Nous le faisons à sa place par simple soucie de vérité  ».