Décès du Pr Mohamed Reggabi, un homme de progrès et de principes

mercredi 13 janvier 2021

Le regretté Reggabi était respecté pour son attachement à la défense de l’intérêt national dans le domaine scientifique et universitaire qui était le sien ainsi que pour ses prises de position sur les questions démocratiques.
La pandémie l’a fauché à un moment où le pays pouvait compter sur ses vives capacités intellectuelles, sa riche expérience professionnelle et sa rigueur.

Attristé par sa disparition, Zoheir BESSA, directeur d’Alger républicain présente ses condoléances à la famille de Mohamed Reggabi.
Il s’associe à l’hommage que lui ont rendu ses collègues profondément affligés par son décès.

Nous publions ci-après le texte paru dans le quotidien national El Watan du 9 janvier à la mémoire du défunt, sous la plume du Professeur en toxicologie Rachida MERAD.

A.R.

« La pandémie vient d’endeuiller une fois de plus notre famille universitaire, notre collègue et ami Mohamed Reggabi, professeur de toxicologie a été emporté en quelques jours par l’horrible Covid, alors que, plus que quiconque, il essayait de respecter toutes les consignes de prévention.

Perdre un ami de travail de presque un demi-siècle, c’est perdre une partie de soi-même, nous passions plus de temps ensemble dans le service qu’auprès de nos familles.

Que de souvenirs s’entremêlent, depuis les balbutiements des travaux de thèses jusqu’aux réunions scientifiques d’organisations de congrès de notre Société, de réflexions pour les mises à jour des programmes, de délibérations d’innombrables fournées de graduations et de post-graduations, de soutenances de mémoires et thèses, et encore et encore…

Je me souviens de sa droiture, de sa rigueur, de son intransigeance lors de délibérations, d’inscriptions, ayant un œil vigilant à la moindre entorse aux règlements.

Il connaissait parfaitement les démarches administratives de notre faculté et cela m’a toujours impressionné, je me disais que c’est parce que sa femme était magistrat.

Il était notre référence sur le plan des exigences réglementaires fondamentales.
Ce qui d’emblée l’a incité à occuper d’abord un poste de directeur pédagogique au sein du département de pharmacie, puis de directeur du département où il a mis en place le premier conseil scientifique où l’on débattait ouvertement et clairement de tous les problèmes pédagogiques, puis enfin doyen de la faculté de médecine (appellation tronquée, car elle englobe en plus de la médecine, les autres sciences médicales, pharmacie et chirurgie dentaire).

Après ce long périple administratif, il a repris à temps plein son poste d’enseignant et chercheur ; il a été élu membre de l’Académie française de pharmacie.

De par ses fonctions hospitalières, il était chef de service du laboratoire central du CHU Aït idir, où il a rendu d’innombrables services aux patients, aux démunis, aux amis ; il répondait toujours présent à celle ou celui qui avait besoin d’un RDV inaccessible, médical ou chirurgical.

Mohammed Reggabi, natif de La Casbah, était très fier de son appartenance au cœur de la cité algéroise, sa maison familiale est un bijou architectural, et il n’hésitait pas à prendre les centaines de marches d’escalier (je ne me souviens plus du nombre) pour rendre visite quotidiennement à sa maman lorsqu’elle était encore de ce monde.

Il est allé rejoindre son père, un chahid de la première heure, sa sœur, le Pr Souhila Terki, et d’autres membres de la fratrie qu’il a épaulés et soutenus jusqu’au bout. Adieu cher collègue, vous étiez présent lorsque le département de pharmacie de l’université d’Alger devait se relever de ses cendres au lendemain de notre indépendance.

Adieu cher frère, vous étiez un pilier de notre noyau de toxicologues qui constituait une union forte, amicale, respectueuse des uns et des autres et qui n’a jamais connu ni coups bas, ni entorses aux règles, respectant les aînés, les amis de promotion et les plus jeunes.

Adieu cher ami, vos messages presque journaliers, informatifs ou pleins d’humour vont tellement me manquer.

Reposez en paix, vous serez toujours présent parmi nous. Mes condoléances les plus attristées à sa femme et ses filles.

Puisse Allah leur accorder le réconfort dont elles auront tant besoin. »