« Modernité » ou comment faire admettre comme une grande victoire de l’évolution de l’esprit humain le retour au capitalisme du 19e siècle

mercredi 9 novembre 2016
par  Alger républicain

Le terme de modernité est galvaudé, utilisé de façon trompeuse de sorte à éviter un examen approfondi et une critique précise. Il renvoie nécessairement à une image plus positive et débarrassée des oripeaux des archaïsmes et des vicissitudes du passé.

La notion de modernité procède de représentations relatives aux évolutions et efforts constructifs projetés vers l’avenir dans le cadre de développements économiques et sociaux. Elle s’oppose dès lors à ce qui est vieux et traditionnel. Mais l’utilisation de ce terme renferme d’autres notions que celles originelles.

Par un glissement sémantique, la modernité n’a pas cette définition de l’élément contemporain, contraire aux archaïsmes, procédant d’avancées sociales, mais bien au contraire fait référence à des reculs sociaux importants.
Ainsi la modernité tant sollicitée est mise en adéquation avec la compétitivité et la compétitivité en rapport avec la flexibilité.

Des modifications sémantiques ont été opérées par les plus hautes instances politiques de l’Etat bourgeois et répercutées par les médias.
Modernité et flexibilité sont indiquées induire le développement de l’économie nationale. Donc plus de richesses et pour ce faire, et dans ce seul but, les conditions du travail doivent devenir plus souples. Et qui dit souplesse, dit travailleur corvéable et jetable … A terme, ces vieux rouages du système capitaliste qui renferment tous les aspects noirs des périodes les plus sombres durant lesquelles le monde ouvrier avait subi les affres de la compétitivité et de la flexibilité, sont restaurés en procédant à des colorations économiques flatteuses et embellies.

Seulement, l’ouvrier a appris depuis longtemps ce que modernité et flexibilité veulent dire. Il sait que la flexibilité signifie le retour aux périodes d’exploitation vampiriques du capitalisme du 19e siècle : c’est-à-dire extension démesurée de la durée du travail, coupes réglées de la rémunération, en somme une exploitation plus dure avec son lot d’extorsions plus importantes de plus-value.
L’ouvrier sait qu’avec la modernité et la flexibilité, il sera fait table rase de tout ce qui a été acquis au prix de luttes âpres et dures, afin que des roublards se repaissent de sa sueur.

L’ouvrier en est revenu depuis longtemps de ces explications fausses et mensongères. Il sait une chose, c’est que ses intérêts et ceux du capital sont aux antipodes l’un de l’autre, s’opposent et se rejettent comme les deux pôles du courant électrique, que la modernité veut dire plus d’exploitation et la compétitivité plus d’extorsion de plus-value.

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Kh. Sebdou
07.11.16