Ould Hada, l’âme du judo ? El Biar nous laisse orphelins

lundi 7 mars 2011

Combien de fois sommes nous partis en compétition sur ses propres et faibles deniers ?
En ramassant parfois de jeunes enfants dans le quartier, et en les mettant sur le tapis avec un kimono pour y dispenser sa vision éducative et exigeante de ce sport dont il fut toute sa vie un ardent défenseur, il a changé leur vie et a formé de vrais citoyens de ce pays.

Khaled Gallinari

Hier je suis allé ? la salle de l’école de Judo d’El Biar, le cœur léger mais battant comme ? chaque fois que je m’approche de ce lieu sacré, ou j’ai appris et pratiqué le judo depuis l’âge de 5 ans. Vivant en France depuis 15 ans, chaque retour dans ces lieux magiques est pour moi un grand moment d’émotion. J’y ai grandi, connu des amis de toujours, découvert l’Algérie en la traversant dans des bus parfois insalubres, pour faire des championnats avec mes amis, toujours avec un bonheur vivace.

Devant la porte, j’ai reconnu la fille du président, trop jeune ? l’époque pour me reconnaitre. Je lui demande si son père est la, avec un sourire sincère et chaleureux, languissant de voir celui qui incarne le plus ces lieux. Elle m’a appris le décès de son père, Ould Hada, Âammi Hmed, depuis une vingtaine de jours. J’ai eu une peine qui ne faiblit pas depuis... Me voyant au bord des larmes, elle m’a dis avec un sourire compatissant que son père gardait une photo de Nassim mon frère jumeau et moi ? ses côtés, et qu’elle m’avait reconnu comme ça... Cette peine m’a réveillé avec une envie et une idée que je vais mettre en application...

Ahmed Ould Hada, entraineur de judo<small class="fine"> </small>? El Biar, décédé il y a quelques années.

J’ai décidé d’écrire ce mot pour dire ce que représente Ould Hada dans la vie de centaines de jeunes, depuis plusieurs générations, d’El Biar et d’ailleurs, et comment il a participé grandement ? les éduquer, avec sa personnalité stricte et en même temps très humaine, compréhensive et pleine d’humour...

Dire tout ce que je sais de cet homme que nous aimions et respections de manière discrète mais indéfectible. Ould Hada représente pour moi ceux grâce ? qui l’Algérie a pu malgré les difficultés et les défections, se tenir debout, et faire des merveilles avec les gens du peuple. Sans prétention, mais avec une fiabilité de roc, il a donné l’espoir et les rêves ? ceux qui voulaient s’élever par le judo. Nous avons été de ceux la. Il avait le respect de certains des plus grands entraineurs, qui sont devenus entraineurs ? El Biar. Beaucoup d’entre eux avaient été internationaux et certains, champions d’Afrique et vainqueurs de tournois internationaux (Abad, Ouarab, Mamou, Saâdat, Beniken, Kassi, Taleb, Laras, Dahmani et bien d’autres). Il a aussi permis l’éclosion de dizaines d’athlètes internationaux, champions d’Algérie, d’Afrique et vainqueurs de tournois internationaux. Il m’est impossible de dire le nombre exact, mais j’en connais plus d’une vingtaine sur les 25 dernières années ( Dahmani, Adeche, Kerbane, Aït Abdel Aziz, Belabes, mon frère Nassim, moi et tant d’autres).

Combien de fois sommes nous partis en compétition sur ses propres et faibles deniers ? Il nous a accompagnés dans ce chemin de vie, et toujours considérés comme ses propres enfants.

Jeunes judokas entrainés par Ould Hada

En ramassant parfois de jeunes enfants dans le quartier et en les mettant sur le tapis avec un kimono pour y dispenser sa vision éducative et exigeante de ce sport dont il fut toute sa vie un ardent défenseur, il a changé leur vie et a formé de vrais citoyens de ce pays. Il a su aussi protéger cette salle ou il vivait humblement avec sa famille dans une pièce au fond et protéger beaucoup de membres de cette école de toutes les vagues de menaces qui se sont succédées toutes ces années (ambitions malsaines, volonté de rapt du club, corruptions ou période islamiste). Avec sa simplicité et son caractère fort, c’était un homme debout dont l’Algérie peut être fière, en tout cas nous nous le sommes profondément. Allah y rahmek âmmi Hmed, tu fais partie de nos vies pour toujours.

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Khaled Gallinari

2 mars 2011