Un grand homme est parti !*

mardi 11 mars 2014

On a tous en tête ces images de ces milliers d’Oranais, effectuant une marche de la place du 1er Novembre à la rue Mostaganem, là où habitait le dramaturge, pour dire tout simplement « non » au terrorisme barbare. L’éveil citoyen était alors à son apogée à Oran.

Le jour de son enterrement, au cimetière de Aïn El Beïda, fait inédit, la marche de ses funérailles a été assurée exclusivement par des femmes. Sa femme, Raja Alloula, garde un souvenir douloureux de cette période. Il y a deux années de cela, face à un public d’étudiants, elle relatait ce Ramadhan 1994, où le terrorisme islamiste faisait la terreur de toute l’Algérie.

Alloula, comme pour le narguer, et bien que menacé de mort, n’hésitait pas à sortir, faisant le tour du centre-ville d’Oran, jusqu’aux heures les plus tardives. Il sortait dehors, sans protection aucune, car se sentant en sécurité dans sa ville, dans les quartiers qui l’ont vu grandir et s’épanouir.

Hélas, l’obscurantisme a eu raison de sa bravoure, c’est ainsi qu’un soir du mois de mars, en cette triste année 1994, il a été victime d’un attentat perpétré par un jeune homme qui, pourtant, avait été, de par le passé, « secouru » financièrement par Alloula.
Tel était, malheureusement, le lot des artistes et intellectuels oranais, à l’image de cheb Hasni ou Abdelrahmane Fardhebe, tous lâchement assassinés par le terrorisme barbare.

Oran compte rendre hommage comme il se doit à Abdelkader Alloula

A l’occasion du 20e anniversaire de sa mort, une série d’événements sont au programme. Aujourd’hui et demain, l’unité de recherche sur la culture et la communication, les langues et la littérature et les arts UCCLA/CRASC organise un colloque international, où prendront part plusieurs chercheurs et universitaires, algériens et étrangers.

Parmi eux, on compte Benamar Mediene (Aix-en-Provence), ou encore Ahmed Hammoum et Djazia Fergani.

En plus des conférences, des ateliers sont également au menu, qui auront pour thématique « La problématique de la langue et de la traduction dans le théâtre de Alloula », « L’adaptation, l’intertextualité et l’interprétation chez Alloula », et enfin « Spécificité et universalité du théâtre de Alloula ».

A partir du jeudi prochain, à l’initiative de la fondation Abdelkader Alloula, des « rencontres Alloula », étalées sur trois jours, seront au programme du Théâtre régional d’Oran. Des troupes venues d’un peu partout en Algérie y prendront part, pour interpréter à leur manière les œuvres allouliennes. Vendredi prochain, un recueillement est prévu au cimetière de Aïn El Beïda, sur sa tombe.

*-Akram El Kébir- in El Watan du 10 mars 2014