Benjamin Stora, un éminent historien à la pointe de la recherche et de la vérité historique

vendredi 4 décembre 2015
par  Alger républicain

Benjamin Stora est un éminent historien, c’est bien connu. Pensez donc, il est docteur d’Etat en histoire et sociologie, professeur des universités, grand spécialiste de la guerre d’Algérie et il préside la Cité nationale de l’histoire de l’émigration. Il est aussi, ne l’oublions pas, conseiller du président de la République française, François Hollande, n’est-ce pas un excellent certificat ? Voilà pour ses titres, c’est tout dire !

Il a été également, il y a longtemps, ami du secrétaire national du PS, Jean-Christophe Cambadèlis, très ami puisqu’il leur arrivait de manifester ensemble pour des causes que l’on dit louables. Ils étaient alors trotskistes, c’est-à-dire de vrais révolutionnaires. Ce dernier a été condamné à deux reprises pour des affaires troubles, mais ne versons dans les ragots de la presse people.

Pour revenir à notre historien, je viens de tomber incidemment sur l’un ses ouvrages tombé en 2014 des presses de la maison des éditions Librio, coréalisé avec Tramor Quemeneur, lui moins médiatisé, par conséquent pas aussi connu que le célèbre historien. J’y découvre, non sans surprise, que ce dernier est d’une objectivité rare. Cette qualité est à souligner chez un homme aussi titré et armé d’un si impressionnant curriculum vitae. Un historien sans concession aux mensonges de la politique pratiquée par les divers tenants du pouvoir, de tous les pouvoirs depuis des lustres.

Quelle force de conviction, quel courage chez lui !

Rendez-vous compte, il est, répétons-le encore une fois, conseillé de l’actuel président de la République française, ça c’est une référence qui compte ! Ce président social-démocrate dont les prédécesseurs, à des échelons divers, ont joué un rôle remarquable dans le cours de notre histoire. Il suffirait pour s’en convaincre de citer des noms qui font un repère historique inoubliable, tels ceux de Marcel-Edmond Naegelen, de Robert Lacoste, de Guy Mollet et encore quelques autres, tous encartés à la SFIO (Section française de Internationale ouvrière)

Ouvrière ? Oui, vous avez bien lu, ouvrière !) et qui ont laissé un fameux souvenir chez les survivants du bienfaiteur colonialisme. S’il fait totalement abstraction de l’existence, des sacrifices et de la ligne politique du Parti communiste algérien avant, pendant et après notre guerre de libération nationale, c’est tout bêtement qu’il n’est pas informé. Mais oui, cela arrive même à un docteur en histoire. Ne vous gaussez pas, s’il vous plait, car ce n’est pas par malhonnêteté intellectuelle. C’est probablement qu’il n’a pas le temps d’aller fouiner dans les archives, le pauvre !
Comment alors lui reprocher d’ignorer des faits historiques et de commettre des mensonges par omission ?

Ce serait de la mauvaise foi, oui de la mauvaise foi !

Mais, soyons sérieux et sans ironie. Cela reste assez incroyable, lui qui a écrit une biographie de Messali Hadj et de nombreuses publications sur l’Algérie, qu’il ignore totalement les militants du PCA qui, d’une façon ou d’une autre, par milliers ont participé à notre combat. A la vérité, il évoque, mais du bout des lèvres le nom d’Henri Alleg, l’internationaliste membre de ce parti. Il lui était difficile de faire autrement, bien sûr. Pourquoi ne s’est-il pas penché sur l’histoire réelle du mouvement de libération. Il aurait beaucoup appris et fait œuvre d’historien objectif.

Pour combler son livre intitulé « Mémoires d’Algérie » il fait appel à des Français d’Algérie, à quelques membres du FLN, à des anciens soldats de l’armée française, choisis par lui évidemment. Certains d’entre eux étaient opposés à la politique militaire et colonialiste de la France. Beaucoup ont été incarcérés durant des années, parmi eux de nombreux communistes, mais ça il n’en n’est pas question dans son livre. Aussi grave, il ignore les communistes d’origine européenne qui ont souffert, eux aussi dans leur chair de la répression et dont des centaines ont été internés les camps de Beni Messous et principalement de Lodi. D’autres furent torturés et emprisonnés dans les geôles colonialistes, d’autres encore, pour leur patrie ont perdu la vie dans les maquis à l’instar d’Henri Maillot, Maurice Laban, le docteur Counillon, Martinez, Siméon et Ghenassia. Fernand Iveton, trop souvent oublié dans des livres d’historiens, fut guillotiné à Serkadji, Georges Acampora et Jacqueline Netter, épouse Guerroudj, sauvés de la guillotine in-extremis, comme le fut Jean Farrugia en raison de son passé de résistant au nazisme.

Dans sa logique anticommuniste sans mesure, ce grand historien pousse même son culot jusqu’à ignorer les militants arabo-berbères du PCA. Faut-il être manipulateur pour atteindre ce degré d’ignominie ! Ces militants ont également sacrifié leurs vies pour l’indépendance du pays et pour le socialisme-communisme, tel est le cas de Bouali Taleb, Chebchoub Sadek, Guerrouf Mohamed, Tahar Ghomri, Laïd Lamrani (tous membres du comité central du PCA), Nourredine Rebah , Belkacem et nombre d’autres militants .

Le PCA était un Parti internationaliste et à la fois désireux d’œuvrer pour une nation algérienne moderne où le contenu de classe l’emporte sur l’étroitesse nationaliste qui a eu tendance à regarder seulement l’origine ethnique ou religieuse. Le PCA a démontré qu’il était possible d’unir des ouvriers, des paysans, des petits commerçants, des intellectuels d’origines différentes qui recherchent une véritable émancipation des peuples. Ce que le trotskyste Stora refuse de révéler dans ses écrits parce qu’il est au service de la classe bourgeoise capitaliste.

L’anticommunisme, cette bête immonde, n’est pas nouveau, ce fléau conduit y compris des « éminents » historiens, à des lacunes le plus souvent conscientes et impardonnables. Heureusement les faits sont têtus, n’en déplaise à ceux qui traitent les autres de sectaires.

Ne pas rappeler et souligner ces faits, c’est insulter l’histoire vraie de notre pays.

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Malik Antar