Le calvaire de nos martyrs condamnés à mort « De nos frères blessés », un roman de Joseph Andras

dimanche 15 mai 2016
par  Alger républicain

Joseph Andras a obtenu le 9 mai courant le Prix Goncourt du premier roman pour son livre intitulé « De nos frères blessés » publié par les éditions Actes Sud (France).

Dans ce premier roman l’auteur rappelle, d’après ce que nous avons pu lire dans la presse, ce que fut le parcours de Fernand Iveton, militant du Parti communiste algérien (PCA) qui, avec d’autres membres de cette organisation, se joignit au FLN en vertu des accords FLN/PCA et de l’intégration des Combattants de la Libération, branche armée du Parti communiste algérien à l’ALN.

Fernand Iveton dénoncé par son contremaitre, fut promptement arrêté, torturé et condamné à mort et, sans attendre longtemps, guillotiné en cette aube sombre du 11 février de 1957 dans ce que l’administration pénitentiaire appelait la Cour d’honneur de Serkadji. Deux autres résistants, Mohamed Ouenouri et Mohamed Lakhneche furent également guillotinés à la naissance de ce même jour.

En ces jours sombres, François Mitterrand, l’homme au passé plus que trouble était ministre et René Coti président de la République. Le premier refusa la grâce de Fernand Iveton et d’autres résistants. Il fut néanmoins premier secrétaire de l’actuel Parti socialiste qui remplaça la SFIO de Guy Mollet de sinistre mémoire et souillé par son passé au service de la grosse colonisation. Puis Mitterrand devint à son tour, en 1981 président de la République française. En novembre 1954 il avait été le premier homme politique alors qu’il était ministre du gouvernement de Mendès France à déclarer « l’Algérie c’est la France ». Il refusa toujours de s’expliquer sur son refus de gracier les condamnés à mort. Mais arrêtons là, nous n’allons pas faire la biographie de cet homme qui s’est toujours placé en bon défenseur de la bourgeoisie française.

Deux autres résistants, Ahmed Zabana et Abdelkader Ferradj avaient été eux aussi exécutés, en juin 1956. Saïd Ould Khelifa a tourné, scrupuleusement fidèle, un film sur l’exécution d’Ahmed Zabana dans lequel est décrite l’horreur de la guillotine. L’horrible machine ne fonctionnant bien, le bourreau avait du s’y reprendre à trois reprises pour l’assassiner. Certains condamnés à mort ont connu un sort plus « clément » la mort par un peloton d’exécution. On les nommait les PAM (Pris les armes à la main). Les militants de l’ex-département d’Alger étaient exécutés au Polygone d’Hussein Dey.

Rappelons que le pouvoir français avait exécuté 222 condamnés à mort entre 1956 et 1960 et que peu de voix s’étaient alors élevées en France à l’exception de quelques personnalités, d’organisations d’extrême gauche et du PCF dont les avocats, souvent au péril de leur vie, défendirent les résistants algériens.

Mais revenons au livre de Joseph Andras. Dans une avant-critique Sean James Rose décrit ce livre comme « un très beau premier roman à l’écriture à la fois classique et âpre. »

Nous n’avons pu faire encore l’acquisition de ce livre récemment tombé des presses. Espérons que nous pourrons prochainement nous le procurer dans nos librairies et en faire une lecture attentive.

Ne manquons de rappeler que Jean-Luc Einaudi avait déjà écrit un livre sur Fernand Iveton, intitulé « Pour l’exemple » et d’autres ouvrages parmi lesquels « Un Algérien » sur Maurice Laban, lui aussi membre du PCA et des Combattants de la Libération (CDL) tué au cours d’un accrochage dans la région d’Orléansville, selon l’identité de l’époque coloniale, en compagnie de son ami Henri Maillot et d’autres résistants. Mais le gauchisme anticommuniste d’Einaudi l’avait poussé à exprimer quelques inexactitudes répétées plus tard au cours d’une conférence-débat au Centre culturel algérien de Paris en présence d’Abdelkader Guerroudj, Felix Colozzi et du chercheur en Histoire Mohamed Rebah. Jean-Luc Einaudi est aujourd’hui décédé cependant hormis son parti-pris, ses écrits resteront tout de même par certains aspects de précieux témoignages.

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Malik Antar
15.06.16


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