Accueil > International > Le Livre noir du capitalisme et de l’impérialisme > Haïti la glorieuse, symbole de la lutte des esclaves africains contre (…)

Haïti la glorieuse, symbole de la lutte des esclaves africains contre l’oppression coloniale, mais toujours sous domination impérialiste

dimanche 27 avril 2025, par Alger republicain

Pour comprendre les événements sur l’île d’Haïti, son histoire n’est pas commune. Il faut partir depuis le début de la conquête par les migrants européens. Et le premier Européen à fouler ce nouveau continent, c’est un certain Christophe Colomb, un vulgaire chercheur d’or, un fanatique religieux qui voulait trouver des nouveaux territoires et de l’or pour financer les croisades au Moyen-Orient.
Il faut préciser un fait très important : sans le soutien de l’Eglise en général promue par les rois catholiques espagnols, Christophe Colomb n’aurait jamais pu entreprendre sa première expédition vers ce nouveau continent.

Ce sont l’Eglise et les rois catholiques qui ont financé cette expédition pour occuper par la suite les nouveaux territoires. Ils lui fournissent les ignobles conquistadores, un ramassis de malfrats, de voleurs et de tueurs. L’Eglise appuyée par les rois catholiques espagnols, la papauté du Saint-siège et le clergé joueront un rôle déterminant dans la conquête et la colonisation de ce « nouveau monde », un mot inventé par la ploutocratie occidentale pour faire passer la colonisation des « Amériques » nord et sud et faire avaler des couleuvres à leurs citoyens.

Sans hésiter, il faut bien admettre que l’Eglise et sa papauté sont entièrement responsables de l’abominable traite des esclaves africains. C’est l’Eglise qui a donné son accord à cette funeste entreprise au cours de la mascarade de la controverse de Valladolid de mise en esclavage de toute l’Afrique en certifiant
que pour dédommager les colons européens, il faut remplacer les esclaves indiens par les noirs africains qui n’étaient pas tout à fait des êtres humains.

Et pendant 4 à 5 siècles cette infamie abjecte va être appliquée sans état d’âme par les monstres venus d’Europe et d’ailleurs. Ils amasseront des fortunes colossales par l’exploitation éhontée et entièrement gratuite de plus de 30 millions d’esclaves africains.

C’est sur l’île d’Espagnola, ( petite Espagne) nom donné par ce sinistre Christophe Colomb, le boucher des Amérindiens, qu’il mit pour la première fois les pieds sur un nouveau continent qu’il prénomma les Indes. À chaque conquête de nouveaux territoires, il plantait une croix les déclarant propriété de l’Espagne.

Christophe Colomb s’est trompé complètement de continent. Ce fut une erreur fatale non corrigée à ce jour. Les populations ancestrales ont perdu leur identité et ont les appelle « indios » nom donné par les Espagnols.

L’orgie des crimes odieux lors de cette conquête et de la colonisation du continent nommé « Amérique » continueront de plus belle et l’île d’Haïti n’a pas échappé à cette furie meurtrière.

Originellement, l’île d’Haïti, c’est-à-dire « terre des hautes montagnes » était, depuis plus de quarante mille années, peuplée par les Taïnos de la tribu des Arawaks, peuple semi-sédentaire pacifique. Lorsque Christophe Colomb accosta pour la première fois le 5 décembre 1492, l’île comptait probablement plusieurs centaines de milliers d’habitants. Malgré la résistance héroïque des Indiens contre l’occupant, il a fallu aux Espagnols quelques dizaines d’années pour exterminer totalement les populations ancestrales du pays. Au milieu du XVI siècle, seule 150 Haïtiens avaient survécu à cette infamie.

C’est la France qui prend la relève des Espagnols. Mais l’île est coupée en deux, l’armée française chasse les Espagnols qui se réfugieront au sud de l’île. Après des tractations houleuses, un accord fut trouvé et une frontière est tracée du côté occupé par les Espagnols au sud qui vont se constituer en République nommée République de Saint Domingue. La partie nord-occidentale revint aux Français qui garderont le nom d’Haïti.

En Haïti, la communauté européenne se développa rapidement et prit possession des terres ancestrales des autochtones. Les terres furent distribuées aux migrants d’Europe qui deviendront de gros propriétaires terriens et des esclavagistes. Ainsi l’agriculture prit un essor fulgurant. Les premières cultures furent le tabac et l’indigo, puis la canne à sucre. Du fait d’avoir exterminé les autochtones, ces nouveaux colons réclamaient de la main-d’œuvre. Des Français fuyant la misère s’engageaient pour 3 ans à travailler sans salaire, puis s’installèrent sur de nouvelles terres. La traite négrière africaine se développa rapidement en Haïti. Dans un premier temps, plus de 500 000 à 600 000 esclaves d’Afrique furent importés sans compter les milliers d’esclaves morts pendant la traversée. On vida même les bagnes et les prisons pour augmenter la colonie européenne et surtout pour combler le manque de main-d’œuvre. Au bout de quelques années, l’île était devenue une des plus prospères de la région des Caraïbes. En Europe on citait en exemple cette merveilleuse réussite diabolique.

Mais voilà, les faits sont têtus, cette embellie économique, on la doit principalement à l’exploitation forcenée des esclaves africains. Une main-d’œuvre totalement gratuite. Ces colons et d’autres individus douteux venus d’ailleurs, étrangers au pays, composés de brigands, de malfrats et d’aventuriers de toutes sortes, sont devenus des esclavagistes féroces. Dans les mines d’or un garde-chiourme diabolique faisait travailler les esclaves africains à coups de fouet sans être nourris, jusqu’à épuisement, puis les remplaçait par un autre. Les morts on les jetait à la décharge comme des ordures. Dans les campagnes, c’était le même scénario. Tous ces énergumènes agissaient avec une brutalité perverse et inouïe, ils considéraient les esclaves comme du vulgaire bétail. Plusieurs révoltes d’esclaves ont été noyées dans le sang. Le massacre d’esclaves faisait partie du lot quotidien de cette population hétéroclite sans état d’âme.

Mais à force de subir tant de maltraitance et d’injustice, les esclaves africains ont appris la leçon pour riposter contre les barbares venus d’Europe.

Les peuples opprimés attendent avec impatience le jour où ils pourront enfin se libérer de leurs chaînes. C’est un esclave né dans une plantation, ne sachant ni lire ni écrire, qui va leur redonner espoir. Il ne vient pas du néant où de quelque part sans que l’on sache pourquoi maintenant, alors que l’esclavage dure depuis des siècles. La traite des noirs africains, a été la plus grande infamie de tous les temps. Cet esclave est sorti des entrailles des millions d’Africains meurtris par la colonisation occidentale. Les esclaves africains n’ont jamais accepté leur condition de non-être humain. De tout temps ils se sont rebellés contre leurs oppresseurs. Les nombreuses révoltes le prouvent tout au long de leur captivité.

La résistance des esclaves africains va prendre une forme inégalée en Haïti.

Une révolte pas comme les autres, débuta en août 1791 à la suite de la Cérémonie de Bois-Caïman, dans la plaine du Nord : plus de 1 000 blancs furent égorgés et leurs habitations incendiées. Sous la conduite de leurs chefs, dont le plus important fut Toussaint Breda dit Louverture, les esclaves passèrent d’une révolte à une guerre de libération en s’alliant d’abord aux Espagnols de Saint-Domingue, en guerre contre la nouvelle République française.

En quelques mois, à la tête d’une armée de plus de 20 000 anciens esclaves, Toussaint Louverture renversa la situation militaire à son avantage et libéra la moitié du territoire et la partie occupée par les Espagnols. La première mesure qu’il prit, c’est l’abolition de l’esclavage et d’autres mesures favorable aux noirs. La France de Bonaparte ne l’entendait pas de cette oreille. Bonaparte décida d’envoyer son armée au prétexte de rétablir l’ordre.

Mais ce n’était pas une simple expédition, c’était une véritable armada, comprenant une flotte de trente mille hommes à bord de quatre-vingt-six vaisseaux et commandée par son beau-frère, le général Leclerc. Il voulait surtout rétablir l’esclavage qui rapportait gros aux colons.

Toussaint Louverture, après trois semaines de combat inégal et sanglant, se rend aux Français. Il est autorisé à se retirer sur l’une de ses plantations. Toussaint Louverture est à nouveau arrêté malgré son accord sur sa reddition. Il est déporté en France et interné au fort de Joux, dans le Jura, où il mourra des rigueurs du climat et de malnutrition le 7 avril 1803, après avoir prophétisé la victoire des Noirs.

Malgré cette défaite dramatique, des révoltes d’esclaves éclatent un peu partout. Des actions de vengeance contre les blancs se multiplient, plusieurs centaines de colons seront assassinés et leurs habitations incendiés. A la veille de l’indépendance la presque totalité des blancs ont fui et se sont réfugiés dans les îles voisines. La population d’origine Africaine descendant de l’esclavage est devenue majoritaire et actuellement représente 95% de la totalité des habitants, le reste, se sont quelques blancs, ingénieurs, architectes et médecins qui ont été épargnés et des mulâtres.

La communauté noire est toujours sous domination néocoloniale et impérialiste.

Elle n’occupe aucun poste de gouvernance.
La lutte des esclaves continue sous la conduite du général noir Dessalines, l’un des lieutenants de Toussaint Louverture. L’armée d’esclaves refoula les Français hors du pays. Le général Dessalines proclame l’indépendance d’Haïti.

Haïti, la première république noire libre du monde vient de naître

L’indépendance d’Haïti, a été reconnue par la presque totalité des pays. Mais ce fut une indépendance tout à fait fictive. C’est devant une véritable armada française que cette indépendance fut proclamée. Une vraie menace de la France coloniale qui ne dit pas son nom contre Haïti. Mais à peine créée, la république d’Haïti est déjà endettée, la France colonialiste ne reconnut l’indépendance du pays qu’en échange d’une arnaque et d’une véritable escroquerie de 150 millions de franc-or. La somme sera ramenée à 90 millions de franc-or, en fait de l’or en barre. Le prétexte invoqué, c’est le dédommagement des colons.

Pendant toute cette période mouvementée d’Haïti, du débarquement de Christoff Colomb à l’indépendance (1492 à 1804) soit pendant quatre siècles, l’île d’Haïti n’a jamais connu une seule période de stabilité. Le colonialisme espagnol et français ont mit l’île à feu et à sang et provoqué le chaos. Une bande d’esclavagistes sanguinaires, véritables brigands de bas niveau, ont semé la terreur généralisée contre toute la population noire ou blanche et qui continue encore aujourd’hui. Rien n’a changé.

Les puissances coloniales n’ont rien fait pour empêcher cette infamie. Seul l’or qui rapportait plus de 500 000 franc-or par an (soit à l’époque l’équivalent de plusieurs milliards d’euros) et l’argent des grandes plantations de canne à sucre, les intéressaient.

Une dette insupportable pour Haïti qui a été obligée d’emprunter auprès des banques françaises pour payer cette escroquerie nauséeuse. Soit une double dette. Haïti a été saignée à blanc par une rançon faramineuse imposée sous la menace de la France coloniale.

Aujourd’hui la France est tributaire de la république d’Haïti de plus 100 milliards d’euros et qu’elle doit rembourser impérativement et ce ne sont pas les lamentations du gouvernement français qui changeront les choses.

Du côté des esclaves africains la lutte menée contre le colonialisme n’a pas permis la libération totale de l’île d’Haïti. Ils n’ont pas pu empêcher la séparation de l’île en deux parties, Haïti et Saint-Domingue. Les raisons sont multiples. Tout d’abord, il ne pouvait pas y avoir de cohésion et d’unité dans la lutte du fait que les esclaves d’Afrique ne venaient pas du même pays. Certains étaient originaires du Mali, du Bénin et d’autres pays africains. Chaque ethnie avait sa propre identité et pratique son langages et ses coutumes. La situation était donc très complexe. On le sent dans le comportement ambigu des chefs qui étaient à la tête des révoltes des esclaves. Les luttes intestines et même les guerres entre différents clans ne pouvaient pas aboutir. Par exemple l’horrible assassina du général Dessalines qui a chassé les colonialistes d’Haïti et proclamé l’indépendance de l’île. Qui avait intérêt à l’assassiner ?

De plus les colonialistes ont très bien compris l’avantage qu’ils pouvaient tirer de ces contradictions et divisions.
Il faut souligner que l’ insurrection importante des esclaves africains, fut un événement exceptionnel, qu’Haïti, île martyrisée par les puissances coloniales pendant des siècles, a été le premier pays où 400 000 africains victimes de la traite et de l’esclavage barbare des Européens se soulevèrent contre 30 000 maîtres de plantations de canne à sucre et de café, déclenchant la première plus grande révolution sociale sur le continent afro-américain colonisé par les puissances coloniales. Ils écrivirent des pages d’une gloire insurpassable et exemplaire pour tous les peuples qui subissent les mêmes calamités. Ils mirent en déroute la puissante armada française envoyée par Paris pour mater la révolte des esclaves et de surcroît, dirigée par un éminent général de Napoléon.

Malgré la barbarie abominable des colons de la pire espèce venus en masse, les révoltes des esclaves africains n’ont jamais cessé. Des nombreuses révoltes ont secoués violemment toutes les colonies à esclaves depuis la fin du XVIII siècle. Certains historiens affirment qu’il y avait au moins une insurrection tous les huit voyages. Ces révoltes avaient lieu le long des côtes africaines, quelques fois sur les côtes américaines et rarement en pleine mer. Mais cela arrivait, par exemple en 1532, 109 esclaves se rendirent maître du Misericordia, un navire portugais et ils réussissent à s’enfuir avec le navire. Mais la répression s’abattait impitoyablement sur les meneurs. Ils étaient publiquement battus et pendus sur la place publique, certains pouvaient être victimes d’acte de barbarie d’une violence inouïe.

Haïti la glorieuse, symbole de la résistance des esclaves africains. Haïti a obtenu son indépendance de haute lutte le 1er janvier 1804.
Ce fut la première république noire libérée de l’esclavage dans le monde.

Haïti restera un exemple pour tous les peuples opprimés et subissant encore aujourd’hui les miasmes putrides du colonialisme où du néocolonialisme.

Et depuis cette indépendance fictive en 1804 Haïti n’a jamais connu de stabilité politique et économique. Haïti est encore aujourd’hui sous la domination des ancien colonisateurs et des puissances impérialistes en particulier les USA qui sont là pour empêcher Haïti de devenir un 2ème Cuba.

Pendant près de 2 siècles l’île d’Haïti va être dirigée par les sbires des puissances coloniales et impérialistes, France et USA principalement. Les dictatures sanglantes et impitoyables vont se succéder et la dictature de François Duvalier dit « Papa Doc », en est le symbole. Duvalier est premier dirigeant de la famille, arrivé au pouvoir après un putsch en 1957, en tant que président à vie de 1964 à sa mort. Au pouvoir, ce dernier multiplie les actes d’arrestation et de condamnation à mort et utilise un culte de la personnalité. À sa mort, c’est son fils Jean-Claude Duvalier, dit « Baby Doc », qui lui succède et qui se maintient au pouvoir comme président à vie de 1971 à 1986. La suite n’est guère meilleure, c’est toujours la même clique de margoulins inféodés aux puissances coloniales et impérialistes qui gouvernent le pays encore aujourd’hui. Depuis, la communauté noire subit impitoyablement les injustices, les maltraitances et les violences.

Depuis son indépendance l’île est ravagée par l’insécurité, la violence et la déstabilisation totale économique et politique. Haïti est toujours gouvernée par une véritable mafia soutenue par les puissances coloniales et impérialistes. Et la situation n’est pas prête de s’améliorer. Au contraire elle va s’aggraver. L’île est devenue un vrai champ de bataille entre les différents groupes mafieux.

Aujourd’hui Haïti vit une situation explosive. L’île est à feu et à sang, des groupes armés se sont répandus dans le pays et tirent de partout sur tout ce qui bouge sans gêner pour autant les puissances coloniales et impérialistes responsables de ce chaos désastreux, lesquelles continuent même à soutenir un gouvernement minoritaire qui ne représente pas la population haïtienne, c’est-à-dire principalement les descendants des esclaves qui sont devenus majoritaires.

Cette population clochardisée sans état d’âme par des dirigeants corrompus et inféodés aux puissances impérialistes vit dans une pauvreté endémique insoutenable et le dénuement total. Elle n’ont plus rien, ne reçoit plus de soins ? Les enfants fréquentent quand ils le peuvent des écoles délabrées ou fermées par manque d’entretien. Des enfants bien souvent abandonnés, ne sont plus soignés, mal nourris meurent en masse.

La France coloniale devrait s’enorgueillir de ce résultat. Une réussite totale de la perversion et de la filouterie.

Si les Haïtiens veulent retrouver un pays libre et prospère sans ingérences étrangères et sortir de ce marasme infect , ils doivent organiser des élections libres, former un gouvernement populaire, instaurer la liberté et la démocratie, exiger le remboursement total de cette rançon indûment payée par Haïti à la France.

LIES SAHOURA {{}}