Les origines de la journée internationale de lutte de la classe ouvrière : UN COMBAT POUR LA JOURNÉE DE 8 HEURES

lundi 5 mai 2014

« Un jour viendra où notre silence sera plus puissant que nos voix qu’on a étranglées »,

August Spies.

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Le 1er MAI 1886, lancé par la Federation of Organized Trades and Labor Union of the United States and Canada, suivi par les assemblées locales des Knights of Labor, une puissante vague de grèves mobilise des centaines de milliers de grévistes à travers toute l’Amérique du Nord, pour obtenir la journée de 8 heures de travail. Aux USA, il y a 5000 grèves avec environ 350 000 grévistes. Le foyer principal de cette lutte de classe se trouve à Chicago.

Par Pierre Klépock

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Le 3 Mai, 7000 ouvriers manifestent à Chicago devant l’usine de machines agricoles McCormick, où les 1200 salariés sont alors en grève. Les patrons, par pure provocation, font sortir les « scabs » (briseurs de grève). Les grévistes et les manifestants, lancent des pierres et s’en prennent aux briseurs de grève. C’est le signal pour écraser les forces ouvrières : la Garde Nationale, la police municipale et les agents Pinkerton tirent à coup de révolvers sur la foule. On relève 6 morts et une cinquantaine de blessés.

L’indignation populaire est grande. Le lendemain, une réunion de protestation est organisée au Haymarket Square. Plus de 15 000 personnes s’y rendent. Un agent provocateur lance une bombe dans les rangs des policiers, faisant 8 morts et une soixantaine de blessés. La police ouvre aussitôt un feu nourri. Plusieurs dizaines de personnes sont mortellement atteintes et des centaines d’autres sont blessées.

Les organisateurs de la manifestation, 8 militants anarchistes, sont arrêtés, mis sous les verrous et condamnés à mort par la justice des patrons, sans que soit fournie la moindre preuve de leur participation à l’attentat. Pour trois d’entre eux, la peine fut commuée au dernier moment en travaux forcés à perpétuité. Pris de désespoir, un quatrième se suicida dans sa cellule. Une campagne internationale de protestation suivit le massacre de Haymarket et la lutte pour les 8 heures continua.

En 1888, l’American Federation of Labor (AFL), qui avait repris le flambeau de la « Federated Trades », décide à son Congrès de St-Louis, de renouer la lutte pour la journée de 8 heures. L’AFL préconise un mouvement de grèves générales par « Vagues d’assaut  ». La mise en application de cette tactique est prévue pour le 1er Mai 1890. Le Conseil exécutif de l’AFL choisit les syndicats de métiers les mieux préparés à obtenir les 8 heures et concentre l’action sur eux. Dès le début avril 1890, plusieurs milliers d’ouvriers du bâtiment arrêtent le travail et obtiennent les 8 heures. D’autres unions de métiers suivront.

Le sang versé par les martyrs de Chicago ne le fut pas en vain. Leur sacrifice contribuera à faire croître la revendication des 8 heures, à fertiliser les luttes ouvrières pour l’imposer au capitalisme dans tous les pays, en élevant partout la conscience de classe. Il ouvrit surtout la voie à l’avènement d’un 1er Mai universel, tel qu’allait le lancer trois ans plus tard, à Paris, l’Internationale socialiste (mieux connu sous le nom de : Deuxième internationale).

Le Congrès de fondation de la IIe internationale s’ouvrit le 14 juillet 1889 à Paris. Y participèrent les délégués de 20 pays, qui prirent la décision de célébrer le 1er Mai de chaque année sous le mot d’ordre de la journée de travail de 8 heures.

La résolution de l’Internationale socialiste [1] sur le Premier Mai

Le texte de la résolution adoptée à l’unanimité par le Congrès de l’Internationale socialiste, a valeur d’acte de naissance du 1er Mai, Fête internationale des travailleurs et travailleuses :

Il sera organisé une grande manifestation internationale à date fixe, de manière que, dans tous les pays et dans toutes les villes à la fois, le même jour convenu, les travailleurs mettent les pouvoirs publics en demeure de réduire légalement à huit heures la journée de travail, et d’appliquer les autres résolutions du Congrès international de Paris.
Attendu qu’une semblable manifestation a déjà été décidée pour le 1er Mai 1890 par l’American Federation of Labor (AFL), dans son congrès de décembre 1888 tenu à St-Louis, cette date est adoptée pour la manifestation internationale.

Les travailleurs des diverses nations auront à accomplir cette manifestation dans les conditions qui leur sont imposées par la situation spéciale de leur pays.

La résolution complémentaire suivante fut adoptée :

Sous le titre de la journée de 8 heures, il sera publié, avec le concours des partis socialistes représentés au congrès de Paris, un organe hebdomadaire destiné à centraliser les renseignements sur le mouvement international en vue de la réduction légale de la journée de travail. Recommandation est faite à tous les délégués de faire une démonstration dans tous les centres ouvriers d’Europe et d’Amérique en faveur de la fixation de la journée à 8 heures de travail.



[1NdR : C’est la «  2 ème Internationale  », à ne pas confondre avec l’Internationale socialiste actuelle, instrument de collaboration de classe et de justification des ingérences et agressions militaires de l’impérialisme. Cependant la majorité des membres de la 2e Internationale trahirent durant la 1re guerre mondiale les idéaux pour lesquels elle avait été fondée. Ils rejetèrent le mot d’ordre léniniste de retourner les armes contre sa propre bourgeoisie, de travailler à la défaite de propre pays engagé dans une guerre injuste. Ils soutinrent leur bourgeoisie contre les autres nations dans la guerre déclenchée pour le repartage impérialiste du monde par les capitalistes de France, d’Allemagne,d’Angleterre, de Russie, des USA.


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