Origines du 1er mai*

vendredi 1er mai 2015

Vive le premier mai !

Le 1er mai 1886 fut un jour de grève à Chicago qui était et reste la grande ville industrielle des États-Unis. Les revendications portaient d’abord sur la journée des huit heures qui avait été légalement promulguée sous la présidence d’Andrew Johnson mais qui n’était appliquée dans quasi aucun État. Elles concernaient ensuite les épouvantables conditions de travail dans lesquelles se trouvaient les ouvriers américains – dont beaucoup d’anciens esclaves Noirs à l’époque – qui étaient exploités par un patronat sans scrupule avec l’aide des autorités locales qui se livraient à une répression sans pareil.

Tout commence lors du rassemblement du 1er mai 1886 à l’usine McCormick de Chicago. Il s’intégrait dans la revendication pour la journée de huit heures de travail quotidien, pour laquelle une grève générale mobilisant 340 000 travailleurs avait été lancée. August Spies, militant anarchiste, est le dernier à prendre la parole devant la foule des manifestants. Au moment où la foule se disperse, 200 policiers font irruption et chargent les ouvriers. Il y a un mort et une dizaine de blessés. Spies rédige alors dans le journal Arbeiter Zeitung un appel à un rassemblement pacifique de protestation contre la violence policière, qui se tient le 4 mai.
Le jour venu, Spies, ainsi que deux autres militants anarchistes, Albert Parsons et Samuel Fielden, prennent la parole. Le maire de Chicago, Carter Harrison, assiste aussi au rassemblement. Lorsque la manifestation s’achève, Harrison, convaincu que rien ne va se passer, appelle le chef de la police, l’inspecteur John Bonfield, pour qu’il renvoie chez eux les policiers postés à proximité. Malgré cela, une escouade de policiers charge les quelques dizaines d’ouvriers restés sur place. Un attentat attribué aux anarchistes se produisit : une bombe est lancée sur les policiers tuant l’un d’entre eux. Aussitôt la police tire et ce fut un carnage. On ignore le nombre de victimes parmi les ouvriers qui se trouvaient encore là.

Après l’attentat, sept hommes sont arrêtés, accusés des meurtres de Haymarket. August Spies, George Engel, Adolph Fischer, Louis Lingg, Michael Schwab, Oscar Neebe et Samuel Fielden. Un huitième nom s’ajoute à la liste quand Albert Parsons se livre à la police.

L’histoire qui suit, extraite du livre de Hernando Calvo Ospina et publiée par le site « Le Grand Soir » http://www.legrandsoir.info/, raconte le parcours de Lucy Gonzàles, ancienne esclave noire, qui fut l’épouse d’Albert Parsons – mariage non reconnu puisqu’un Blanc n’avait pas le droit d’épouser une mulâtre. Lucy fut une militante ouvrière reconnue internationalement. Elle soutint son mari jusqu’au bout. Il fut pendu le 11 novembre 1887 à Chicago après un simulacre de procès avec ses sept autres compagnons de lutte.

C’est au terme de cette tragédie que le Congrès de l’Internationale socialiste tenu à Paris en 1889 reconnut le 1er mai comme fête des travailleurs et des travailleuses, et non « fête du travail ».

En effet, c’est le régime de Pétain qui récupéra le 1er mai comme fête du travail, le « travail » étant un des éléments du triptyque « travail, famille, patrie » des tenants de la prétendue « révolution nationale ».

Le 1er mai reste et restera la fête des travailleurs et des travailleuses ! Et nulle récupération ne pourra changer cela.

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Pierre Verhas

30.04.15