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Raymonde Peschard assassinée par l’armée française
lundi 27 novembre 2017, par
Raymonde Peschard est tombée au champ d’honneur le 26 novembre 1957. Elle avait 30 ans.
Elle était en partance vers la Tunisie avec un groupe de compagnons d’armes de la wilaya 3. Le groupe quittait le maquis sur instruction de Amirouche, alors commandant militaire. Les maquisards traversaient la chaîne des Bibans lorsque l’armée française les repéra à Draa Errih, sur le djebel Tafertas, à une vingtaine de kilomètres de Medjana (Bordj Bou Arreridj). Ils étaient sans armes. Encerclés, ils furent capturés. Rachid Belhocine, médecin, Arezki Oukmanou et Redjouani, étudiant en mathématiques furent tués froidement sous les yeux de Raymonde Peschard qui réagit vigoureusement.
Elle trouva « le courage de déverser sur les soldats un flot d’injures, les traitant de sauvages, de barbares et de nazis »,
écrit Djoudi Attoumi dans son livre-témoignage, « Avoir vingt ans au maquis ».
Ligotée, le visage plaqué au sol, elle reçoit une balle de révolver dans la nuque, tirée à bout portant par un officier, sur ordre du colonel Buis. Dans un communiqué lu à la radio et diffusé par la presse, Robert Lacoste, ministre résident, présente sa mort comme un titre de gloire pour l’armée française.
Raymonde Peschard est née le 15 septembre 1927, à Saint Eugène (Bologhine). Son père était cheminot. Elle grandit à Constantine chez son oncle paternel Edouard qui l’accueillit à la mort de sa mère et lui assura une bonne instruction. Elle travailla d’abord comme infirmière au lycée de Constantine puis comme assistante sociale à Electricité et Gaz d’Algérie (EGA).
Elle doit son éveil politique à l’oncle Edouard, membre du Parti communiste algérien (P.C.A), très estimé de la population constantinoise, témoigne son camarade de lutte, William Sportisse, ancien membre du Comité central du Parti communiste algérien (PCA).
Militante du PCA, de l’Union de la jeunesse démocratique algérienne (UJDA) et de l’Union des femmes algériennes (UFA), elle organise avec les femmes constantinoises, au mois de mars 1950, la solidarité avec les membres de l’Organisation Spéciale (branche armée du parti MTLD), arrêtés et torturés. Elle est aux côtés de Cheikh Hamani et Réda Houhou, et d’autres membres du Mouvement national, au comité de lutte contre la répression. Elle a 23 ans.
Fichée par la police politique (P.R.G), elle est expulsée du département de Constantine, en 1955. Après un bref passage en France puis à Oran, elle regagne Alger où elle trouve un emploi d’assistance sociale à l’EGA (aujourd’hui Sonelgaz), grâce à ses camarades du syndicat des Gaziers-Electriciens de la CGT, tels que Constant Tiffou.
Elle rejoint la branche armée du PCA – les Combattants de la Libération - créée en juin 1955, puis intègre le FLN, suite aux accords PCA-FLN conclus en juillet 1956. Activement recherchée par l’armée française, elle quitte Alger au mois de mars 1957 et prend le chemin du maquis de la wilaya 3 où elle demande à faire partie d’un groupe armé. Au maquis, les paysannes l’appelaient Taous pour sa beauté et sa bonté.
A l’indépendance, ses restes sont transférés au cimetière de Constantine où elle repose, depuis, auprès de son oncle Edouard, décédé en 1949.
Depuis 1963, une grande artère de Constantine porte son nom.
Mohamed Rebah
Chercheur en histoire
Auteur