En librairie : Taleb Abderrahmane de Mohamed Rebah Mort pour la patrie à 28 ans

mercredi 8 mai 2013

A Alger, un jardin, une avenue et un campus portent son nom. Mais les plus jeunes ne connaissent pas cette figure héroïque de la guerre de libération, dont l’intelligence et la perspicacité n’avaient d’égal que le courage.

Condamné à mort pour fabrication de substances explosives, ce jeune étudiant en chimie de la Faculté des sciences d’Alger fut guillotiné le 24 avril 1958 à l’âge de 28 ans. « A l’imam venu lire la Fatiha au pied de l’échafaud, Taleb Abderrahmane lança : « Prends une arme et rejoins le maquis. » (Page 63).

L’ auteur nous apprend que Taleb Abderrahmane a vu le jour le 5 mars 1930, au n° 5 impasse des Sarrazins, à La Casbah d’Alger. En 1944, il obtient son diplôme de certificat de fin d’études primaires (CEP). « Il passa ensuite au cours complémentaire Sarrouy, à la rue Montpensier. C’est peut-être d’ici que date sa passion pour la chimie » (P. 18). En octobre 1949, Taleb Abderrahmane entre en classe de seconde, au collège Guillemin, à Bab El Oued (aujourd’hui Lycée Okba). Puis, il s’inscrit à la Faculté des sciences.

En 1956, l’étudiant rejoint le maquis dans la Wilaya III. « Son intégration dans l’ALN fut alors organisée par Ahmed Iguertsira. »

C’est à la suite de l’attentat perpétré par l’ORAF (Organisation de la résistance de l’Algérie française) à La Casbah, rue de Thèbes, le 10 août 1956 et durant lequel on déplora 75 morts et de nombreux blessés suite à l’effondrement de plusieurs bâtisses, que l’étudiant-maquisard décide de rejoindre la capitale. L’expert en explosifs se mettra au service du FLN afin de venger les innocentes victimes de La Casbah. « Il rejoignit le domicile de Abdelghani Marsali, impasse de la Grenade, où Yacef Saâdi avait installé son PC. Très ému par ce qu’il a appris sur le massacre de la nuit du 10 août, il s’enquit de la réaction des habitants de La Casbah touchés profondément dans leur chair. Conscient de la mission définie par le chef militaire de la Zone autonome, il insista pour que la riposte vise exclusivement les forces de répression… » (P. 46).

Taleb Abderrahmane a été capturé au sud de Blida par les parachutistes en avril 1956. Torturé, il est transféré à Alger et incarcéré à la prison de Serkadji.
Pendant neuf mois, il occupe la cellule n° 9. A l’aube du 24 avril 1958, Taleb Abderrahmane est exécuté. « Sa mère, Yamina, accueillit la nouvelle de la mort de son fils par des youyous. Fière de l’héroïsme de son garçon, elle demanda aux nombreuses femmes venues lui présenter les condoléances de sécher leurs larmes. » (P. 63).

Taleb Abderrahmane repose au cimetière d’El Alia, au Carré des martyrs (carré 22, tombe n°166). Les lunettes qu’il portait et que le greffier lui retira juste avant son exécution n’ont jamais été récupérées par sa famille et se trouvent toujours en France, à Fontaine-de-Vaucluse. Son bourreau, le sinistre Fernand Meyssonnier, avait dit : « Je les ai gardées en souvenir. » (P. 63).

Taleb Abderrahmane est mort en héros à 28 ans. Son engagement pour son pays est une belle leçon de courage !

Economiste de formation, Mohamed Rabah est chercheur en histoire. Durant la guerre de libération, il fut détenu politique des camps de concentration de Ben Aknoun, Paul Cazelles (Sud algérois), Bossuet (Sud oranais) et Arcole (Oranie).

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Sabrina

Taleb Abderrahmane de Mohamed Rebah, Editions Apic, 2013, 500 DA, 100 P..

Repris du Soir d’Algérie du 6 mai 2013