Etudiants juifs et arabes commémorent à l’université de Tel-Aviv la 65e « Nakba », la catastrophe du peuple palestinien

dimanche 19 mai 2013

Ce lundi, plusieurs centaines d’étudiants de l’Université de Tel-Aviv (UTA) ont commémoré le 65e anniversaire de la fondation d’Israël non comme un jour de fête mais comme un jour de deuil et de souvenir de la « Nakba », la catastrophe du peuple palestinien.

Cette initiative s’inscrit dans une semaine de commémorations, en particulier dans les territoires occupés, de la catastrophe qu’a constitué la fondation d’Israël avec la destruction de 500 villages palestiniens, la dépossession immédiate de plus de 750 000 Palestiniens, devenus réfugiés.

La particularité et la force politique de cette initiative est qu’elle rassemble étudiants juifs et arabes, à l’appel d’organisateurs étudiants membres du Parti communiste et de son organisation de masse, le Hadash.

Cette initiative constitue un acte de défiance envers les autorités israéliennes depuis la « Loi sur la Nakba » de 2011 qui interdit toute commémoration de la fondation de l’État d’Israël comme d’une journée de deuil.

Pour la seconde année consécutive, l’appel a été massivement suivi sur le campus, et l’initiative devient une tradition politique solidement ancrée dans la première université du pays, selon les mots mêmes de son organisateur, membre du Hadash, Dan Walfish.

Face aux centaines d’étudiants juifs et arabes commémorant ce jour tragique, l’extrême-droite sioniste n’a pu mobiliser que quelques dizaines de militants de l’organisation Im Tirtzu, un groupuscule dévoué au « renforcement des valeurs sionistes en Israël ».

Selon Noa Levy, militante étudiante, organisatrice et membre du Comité central du Parti communiste :
« comprendre la Nakba c’est comprendre un certain nombre d’aspects de la lutte palestinienne actuelle et l’injustice aux origines de la fondation de l’Etat juif. »

La reconnaissance du récit palestinien est central à la résolution de la plupart de ses incroyables souffrances puisque «  les luttes pour la terre actuelle ont toutes comme origine le même péché originel ».

Bien que la Nakba « soit historiquement reconnue par les Palestiniens uniquement, et en Arabe », Levy insiste sur le fait que les organisateurs de la commémoration ont « cherché des moyens de parler de ce sujet à toute la population israélienne ».

Alternant entre la langue hébreu et l’arabe, les militants ont lu les noms des villages palestiniens détruits en 1948. Lorsque les étudiants arabo-palestiniens ont partagé leur expérience familiale, tout à coup la souffrance collective de la dépossession a pris forme aux yeux des étudiants présents.

Rulah Khalaily, membre du Hadash également, a récité des poèmes de Mahmoud Darwish, le poète national palestinien.

Cinq jeunes femmes ont raconté comment leurs parents, grand-parents ont vécu l’expulsion de leurs terres, ce qu’une étudiante a mentionné comme le fait de « devenir étranger dans son propre pays. »

Dan Walfish a enfin rappelé le but de cette initiative aux marges de la loi israélienne :

«  nous voulions montrer que la Nakba n’est pas une douleur extérieure ou lointaine mais l’histoire de cette terre, et qu’elle est l’histoire commune à la fois des Palestiniens et des Israéliens ».