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Ghaza : 205e jour ordinaire d’un génocide en direct
Repris du Quotidien d’Oran
lundi 29 avril 2024
Par Mohamed Mehdi
Le nombre de victimes des bombardements s’est élevé dimanche à 34.454 martyrs et 77.575 blessés, a annoncé, hier, le ministère de la Santé de l’enclave assiégée. Ces chiffres comprennent les 66 martyrs et 138 blessés au cours des précédentes 24 heures, a indiqué la même source.
Le bilan englobe le martyr de plus de 14.500 enfants et 9.500 femmes. Le nombre réel de victimes est probablement beaucoup plus élevé, car des milliers de personnes sont encore ensevelies sous les décombres des bâtiments détruits à Ghaza.
Hier, les bombardements israéliens ont été concentrés dans le sud et le centre de l’enclave assiégée. Un correspondant d’Al Jazeera a rapporté d’importants tirs d’artillerie israéliens, depuis le début de la matinée, sur les zones orientales des villes de Rafah et de Khan Younes dans le sud de la bande de Ghaza. La même source a également confirmé que des avions de l’occupation sioniste ont mené plusieurs raids et bombardements sur les villes d’Al-Maghraqa et Al-Zawaida, au nord de Nuseirat, dans le centre de la bande de Ghaza. Un bombardement, qui a visé le nouveau camp de Nuseirat, a fait au moins un martyr et plusieurs blessés. Samedi, les responsables des services des urgences à Ghaza ont présenté de nouvelles preuves à verser à l’enquête que mène la Protection civile sur les massacres commis dans les hôpitaux Al-Shifa et Nasser.
Il s’agit, disent-ils, de corps d’enfants retrouvés dans les charniers des deux hôpitaux ainsi que des corps avec les mains liées, ce qui ne laisse aucun doute que ces crimes ont été commis par les forces israéliennes qui avaient donné l’assaut dans ces deux plus importants hôpitaux de Ghaza.
Manifestations dans les universités américaines
Depuis près de deux semaines, plusieurs universités américaines observent des meetings et des protestations contre le génocide sioniste à Ghaza et pour le désinvestissement dans des projets de recherche avec des universités israéliennes.
Le coup de starter de ce qui est devenu une immense vague de protestations d’étudiants en faveur de la Palestine, suivis plus tard par les corps enseignants, a été donné à l’Université de Columbia à New York, l’université Harvard et au MIT, toutes les deux situées à Cambridge dans le Massachusetts. Les étudiants dans de dizaines d’autres universités ont suivi le pas. Vendredi, ce chiffre a atteint pas moins de 57 universités où se déroulent des manifestations pro-Palestine réclamant un cessez-le-feu et l’arrêt immédiat de la coopération scientifique avec les universités israéliennes, en particulier dans des projets de développement technologiques en lien avec l’industrie d’armement.
Avant de prendre forme dans les universités, des milliers d’étudiants américains, dont ceux des communautés arabes et musulmanes, étaient partie prenante des manifestations de rue dans plusieurs villes des Etats-Unis, en plus des activités sur les réseaux sociaux, notamment TikTok, ce qui a permis d’élargir la prise de conscience que le génocide en cours à Ghaza est l’œuvre du plus important allié de l’Etat américain.
En s’organisant dans les campus, les étudiants ont dû faire face à d’innombrables obstacles et menaces. D’abord des menaces de la part de milieux sionistes (nous reviendrons dans une de nos prochaines éditions) qui ont établi des listes d’étudiants ayant exprimé des opinions favorables à la Palestine et Ghaza, et ont dénoncé les crimes sionistes.
Répression et arrestations d’étudiants
Devant la quasi-généralisation du mouvement des étudiants aux Etats-Unis contre l’agression sioniste à Ghaza, les responsables des universités où se déroulent ces manifestations ont sauté le pas vers la répression, en faisant appel notamment à la police et des menaces de faire intervenir la garde républicaine.
Des dizaines d’arrestations parmi les étudiants ont eu lieu à Columbia University, lorsque la présidente de cette institution a fait appel à la police de New York (NYPD) qui, faut-il le rappeler, entretient depuis 2002 des liens étroits avec la police israélienne et participe à des entraînements en Israël.
C’est l’arrestation de plus d’une centaine d’étudiants de Columbia University qui a, en fait, donné le coup de starter à une importante vague de manifestations dans des dizaines d’autres universités américaines.
Depuis, plusieurs universités américaines ont fait appel à la police pour procéder à des arrestations d’étudiants et d’enseignants.
Les dernières arrestations ont eu lieu samedi lors d’une manifestation à l’Université Washington de St Louis dans le Missouri. Le St Louis Post Dispatch, journal local, fait état de dizaines d’arrestations à l’Université de Washington. Il indique même que parmi les personnes arrêtées figure la candidate présidentielle du Green Party, Mme Jill Stein.
Ces arrestations ont fait réagir la Fondation pour les droits individuels dont un porte-parole a déclaré sur CNN : « Les administrations universitaires qui appellent des policiers armés sur les campus ne seront plus qu’un sombre souvenir. L’appel à la police est risqué et sape la confiance entre les universités et les étudiants ».
Les revendications des étudiants
Que revendiquent les étudiants qui manifestent en faveur de la Palestine ? Depuis le début, le principal mot d’ordre est d’exiger que leurs universités appellent à un cessez-le-feu immédiat et coupent tous les liens avec les entreprises qui permettent les opérations militaires israéliennes.
Par exemple, les manifestants à Emory University (Atlanta), où au moins 28 étudiants et enseignants ont été arrêtés, samedi, revendiquent que leur institution « divulgue tous ses investissements financiers », qu’elle « se désengage de toutes les entreprises israéliennes » et « qu’elle accorde une amnistie et une protection continues à tous les étudiants qui ont été injustement arrêtés ».
Le corps professoral réagit aussi à sa manière à cette répression provenant des administrations des universités.
Al Jazeera English (AJE) rapporte le cas d’un « professeur assistant de l’université de Californie du Sud (USC) » qui a annoncé « l’annulation du projet final des étudiants en réponse à la répression des manifestations pro-palestiniennes à l’université ».
« L’administration de notre université a décidé de faire venir la police antiémeute sur le campus au lieu de tolérer les manifestations anti-guerre et anti-génocide, dont beaucoup se sont considérablement endettés pour venir à l’USC », a posté Sarah Kessler sur X en s’adressant à ses étudiants.
« Comment êtes-vous censés passer des examens avec des hélicoptères de la police de Los Angeles qui tournent bruyamment au-dessus de vos têtes ? Je me suis lancée dans ce métier parce que je me soucie vraiment de l’éducation, mais je trouve que le fonctionnement habituel de l’USC est inhospitalier pour la pensée critique et l’action en ce moment », affirme encore l’enseignante citée par AJE.
Les classiques accusations « d’anti-sémitisme »
Souvent, pour justifier de faire appel à la police pour déloger les étudiants manifestants, les administrations des universités sortent l’accusation de « propos anti-sémites », comme c’est le cas à Northeastern University (Boston).
Il s’avère, comme le montre une enquête du Huntington News, qu’une « séquence vidéo » retrouvée sur le Web, « révèle que la remarque « Tuez les Juifs », utilisée pour expliquer l’intervention de la police », a été proférée par « un contre-manifestant pro-israélien en guise de provocation ».
« Quelques heures plus tard, la même déclaration a été utilisée par Northeastern University pour expliquer en partie le nettoyage du « campement de solidarité de Ghaza » à Centennial Common, ce qui a abouti à la détention de plus de 100 personnes », ajoute le journal.
Des témoignages d’enseignants d’autres universités, rapportés par Al Jazeera démontent ces accusations. L’un d’eux, enseignant à Columbia University, qui se présente comme juif, affirme dans une déclaration à la chaîne qatarie qu’il n’a « pas entendu des propos anti-sémites » dans les rassemblements d’étudiants. « Je suis juif. J’aurais dénoncé de tels propos s’ils avaient été prononcés par les manifestants », a-t-il déclaré.