Hommage rendu à Jacqueline Guerroudj le 28 février 2015 au siège du PCF par sa famille en présence de nombreux amis

dimanche 15 mars 2015
par  Alger républicain

A la mémoire de Jacqueline Guerroudj

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-* Jacqueline Guerroudj -

Ce qui retient le plus mon attention dans le parcours politique de Jacqueline Guerroudj c’est avant tout son attachement à son idéal communiste qu’elle n’a jamais renié même dans les circonstances les plus difficiles.

Elle explique d’ailleurs son attachement à cet idéal quand répondant aux questions des auteurs de la « Guerre d’Algérie » (Ouvrage publié sous la direction de Henri Alleg) elle déclare ce qui suit :

" Sous l’occupation nazie en France, j’ai été, en tant que juive internée dans un camp de concentration pendant un temps assez bref d’ailleurs, mais j’ai été aidée et sauvée , ainsi que d’autres membres de ma famille, par des résistants français, alors que je n’avais aucune conscience, aucune activité politiques. J’ai pleinement réalisé qu’il y avait des circonstances où il était impossible de ne pas prendre position et que j’avais contracté une dette que je me suis promis de payer dès que j’aurai l’occasion.

Toutes mes sympathies, ajoute-t-elle, allaient au communisme, mais je n’ai commencé que lorsque je me suis installée en Algérie pour pouvoir lutter contre les injustices que j’avais constamment sous les yeux et qui me révoltaient".

Dans son ouvrage « Des douars et des prisons » elle écrit :

« Je ne me rappelle pas exactement quand j’ai adhéré au Parti communiste Algérien... Mon adhésion coulait de source : elle était le fruit de mes premiers contacts avec la réalité coloniale qui m’obligeait à prendre position pour ne pas être complice. »

Cet attachement à son idéal communiste, elle le souligne quand elle sera placé, en pleine de guerre de libération devant un dilemme qu’elle affrontera malgré tout.

Rappelant ce qui s’était produit au lendemain des accords FLN-PCA elle écrit :

« Après avoir récupéré les groupes des CDL, le FLN en avait conservé la structure intacte, au lieu de les éparpiller en les incorporant dans ces propres cellules. Je n’ai jamais été informée des raisons de ce choix, mais je peux imaginer qu’à un souci d’efficacité (ne pas disperser les groupes opérationnels) s’ajoutait la crainte de l’influence, jugée négative, qu’ils auraient pu avoir sur les membres du FLN des cellules d’accueil. Je crois que la méfiance du FLN envers le PCA et tout ce qui en émanait restait vive. En tout cas ils ont exigé des militants du PCA, non pas une lettre de renonciation à toute appartenance et à tout contact avec le PCA jusqu’à l’indépendance, ce qui aurait été normal, mais une lettre de répudiation dans laquelle ils devaient motiver ce reniement par une critique de leur ancien parti pour pouvoir être intégrés dans le FLN. En ce qui me concerne, je tenais à conserver mon appartenance au FLN, qui avait fait l’objet, et d’un choix individuel d’efficacité, et d’un accord entre les deux partis (FLN/PCA), accord dans lequel cette clause n’était pas évidemment prévue. Mais je n’étais pas prête à signer un tel reniement ».

Son attachement à son idéal communiste, ne la conduisait pas à des replis sectaires pour répondre au sectarisme de certains dirigeants ou militants du mouvement nationaliste. Bien au contraire elle accordait beaucoup d’importance aux militants nationalistes qui s’investissaient sans aucune restriction au côté des communistes dans le combat anticolonialiste. C’est dans cet esprit qu’elle donna le prénom d’un responsable du FLN à l’un de ses fils. A ce propos, Jacqueline raconte aux auteurs de la « Guerre d’Algérie » ce qui suit :

« Un de mes fils Tewfik porte le nom de cet homme remarquable qui était responsable du FLN. Nos rapports avec lui étaient confiants et amicaux. Lorsque nous étions en passe d’être arrêtés et que notre fille Djamila (Danielle Minne), a été recherchée, c’est lui qui l’a abritée, s’est occupé de sa sécurité, l’a faite monter au maquis. C’est une figure inoubliable. »

Ces liens qui se sont noués entre patriotes Algériens durant le combat anti-colonial n’ont pas entièrement disparus comme certains peuvent le penser. Ils refleuriront et auront une qualité supérieure à celle que nous avons connue durant la guerre de libération nationale. Nous œuvrerons dans ce sens et c’est notre meilleure manière de rester fidèle à la mémoire de Jacqueline.

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William Sportisse

28.02.2015