La bataille de Stalingrad, il y a 74 ans

lundi 6 février 2017

Qu’ils soient auteurs, historiens ou encore mémorialistes, beaucoup sont d’avis que la bataille de Stalingrad, sans pareille dans l’histoire mondiale tant par son envergure, son niveau de tension et le nombre de forces y participant, a été décisive dans le renversement de la guerre.

La bataille de Stalingrad a pris fin il y a 74 ans jour pour jour, le 2 février 1943.

Cette bataille, qui s’est déroulée sur 100 000 km2 avec un front s’étendant de 400 à 850 km, a duré 200 jours. Pendant certaines phases plus de 2 millions de personnes, jusqu’à 26 000 canons et mortiers, environ 2 100 chars et canons d’assaut, ainsi que près de 2 600 avions de combat participaient à cette bataille dans les deux camps.

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Officiers d’infanterie soviétiques lors de combats de rue
D.R

330 000 soldats ennemis ont été encerclés à Stalingrad. Rien que dans l’opération pour éliminer les forces allemandes encerclées du 10 janvier au 2 février 1943, les forces du front du Don ont fait prisonnier 91 000 soldats et officiers ennemis, dont plus de 2 500 officiers et 24 généraux dont le général Paulus. Plus de 140 000 corps de soldats et officiers hitlériens ont été ramassés et enterrés sur le champ de bataille. Entre le 19 novembre 1942 et le 2 février 1943, les Allemands ont perdu à Stalingrad plus de 800 000 hommes. Au total, la Wehrmacht a perdu 32 divisions et 3 brigades, et 16 divisions ont subi de lourdes pertes.

Pendant la bataille de Stalingrad, l’Allemagne a ainsi perdu près d’1,5 million de soldats et officiers — soit plus d’un quart des forces disponibles à l’époque sur le front germano-soviétique —, plus de 3 000 chars et canons d’assaut, plus de 12 000 canons et mortiers, et plus de 3 000 avions de combat et de transport. Après cette perte écrasante côté allemand, les forces soviétiques ont repris l’initiative stratégique.
Cette victoire de l’Armée rouge a apporté une contribution décisive au retournement de la guerre. Le New York Herald Tribune, journal américain, écrivait à l’époque :

« L’épique bataille de Stalingrad est terminée. Elle signifie que les hitlériens ont déjà atteint le pic de leur puissance et c’est le début de leur déclin inéluctable. On se souviendra pendant des siècles de l’exploit héroïque de l’Armée soviétique. On ne l’oubliera pas tant que vivront des hommes libres prêts à mourir au nom de la liberté. »

La bataille sur la Volga n’a pas seulement défait les meilleures unités de l’armée allemande : elle a également brisé le moral des soldats et des officiers de la Wehrmacht. La victoire des forces soviétiques a psychologiquement bouleversé le peuple allemand.
« La défaite de Stalingrad, reconnaissait plus tard le général Westphal, a terrifié aussi bien la population allemande que son armée. De toute son histoire l’Allemagne n’avait encore jamais connu une perte aussi terrible, vu mourir un tel nombre d’hommes. » Pour la première fois depuis le début de la guerre, les citoyens allemands ont entendu le glas funèbre des églises au lieu des marches victorieuses. L’Allemagne avait décrété un deuil de trois jours après la défaite.

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Des soldats sovietiques attaquent une position allemande
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Ce grand échec et les immenses pertes au sein des troupes allemandes ont affecté la position militaro-politique de l’Allemagne, la poussant au seuil d’une profonde crise. Mi-février 1943, le diplomate allemand Hassel notait dans son journal :

« Ces dernières semaines se caractérisent par la plus grave crise que nous ayons connue pendant la guerre. Malheureusement, cette crise a touché toute l’Allemagne. Elle se résume en un seul mot : Stalingrad. »

La victoire de l’Armée rouge à Stalingrad a influencé de manière significative le changement général de la situation militaro-politique dans le monde au profit de la coalition antihitlérienne. L’Italie s’est retrouvée au bord d’une catastrophe politique. La situation politique intérieure s’est aggravée en Hongrie et en Roumanie. L’autorité internationale de l’Union soviétique montait en flèche.
« La victoire de l’Armée soviétique à Stalingrad a apporté une contribution décisive au renversement non seulement dans la Grande Guerre patriotique, mais également dans la Seconde Guerre mondiale », constatent les auteurs de la monographie Histoire de la Seconde Guerre mondiale. 1939-1945.

L’immense impact de la victoire des forces soviétiques à Stalingrad pour la Seconde Guerre mondiale a également été salué par le président américain Franklin Roosevelt et le premier ministre britannique Winston Churchill. Dans le certificat de mérite attribué à la ville de Stalingrad, en notant le combat courageux et dévoué des forces soviétiques, Roosevelt écrivait : « Leur victoire glorieuse a stoppé la vague d’invasion et a marqué un tournant dans la guerre des Alliés contre les forces d’agression ». En écrivant à Joseph Staline en février 1943, Winston Churchill qualifiait la victoire à Stalingrad de « fabuleuse ».

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Rues de Stalingrad assiégée
D.R

De nombreux historiens allemands reconnaissent eux aussi la victoire de Stalingrad comme un virage dans la Seconde Guerre mondiale. Le général Kurt Zeitzler, qui commandait pendant la bataille de Stalingrad l’état-major de l’armée de terre de la Wehrmacht, a déclaré : « Le cours des événements a montré que la bataille de Stalingrad a effectivement constitué un tournant dans toute la guerre ». C’est également l’avis de Hans Doerr, qui reconnaît que :
« Pour l’Allemagne la bataille de Stalingrad fut la plus lourde défaite de son histoire, pour la Russie sa plus grande victoire. » Les combats qui se sont déroulés à Stalingrad sont étudiés jusqu’à nos jours dans les académies militaires du monde entier.

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Stalingrad en feu
D.R

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02.02.17