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Pourquoi la Syrie est en train de vaincre : Vers une victoire stratégique qui transformera le Moyen Orient ?
mercredi 9 septembre 2015
La Syrie est en train de gagner. Malgré l’effusion de sang en cours et les graves pressions économiques, la Syrie progresse inexorablement vers une victoire militaire et stratégique qui va transformer le Moyen-Orient. Il est clairement évident que les plans de Washington – que ce soit pour « le changement de régime », pour détruire le fonctionnement de l’État ou pour démembrer le pays sur des lignes sectaires – ont échoué.
Cet échec affectera mortellement le rêve américain, annoncé il y a une dizaine d’années par Bush junior, pour un « nouveau Moyen-Orient » servile. La victoire de la Syrie est une combinaison de soutien populaire sans faille à l’armée nationale, face à de perfides islamistes sectaires (takfiris), un ferme soutien de ses principaux alliés et la fragmentation des forces internationales coalisées contre elle.
Les difficultés économiques, y compris les coupures de courant régulières, sont encore pires maintenant, mais n’ont pas brisé la volonté de résistance du peuple syrien. Le gouvernement veille à ce que les aliments de base soient abordables et soutient l’éducation, la santé, le sport, les services culturels et autres. Un certain nombre d’États autrefois hostiles et les agences de l’ONU reprennent leurs relations avec la Syrie. Une situation sécuritaire améliorée, le récent accord des grandes puissances avec l’Iran et d’autres initiatives diplomatiques favorables sont autant de signes du renforcement de l’axe de la résistance.
Vous n’avez aucune chance d’être informé sur cette réalité par les médias occidentaux, qui ont constamment menti sur la nature du caractère du conflit et les développements de la crise. La raison principale de cette tromperie est de masquer le soutien de l’OTAN pour les groupes takfiris, claironnant leur avance et ignorant le renforcement de l’armée syrienne. En fait, ces terroristes soutenus par l’Occident n’ont fait aucune avancée stratégique véritable depuis qu’une flopée de combattants étrangers, les avaient aidés à prendre certaines parties au Nord d’Alep, au milieu de l’année 2012.
Lors de ma deuxième visite en Syrie au cours de la crise, en juillet 2015, j’ai pu voir comment la sécurité s’est améliorée dans les grandes villes. Lors de ma première visite en décembre 2013, bien que les coupeurs de gorge de l’OTAN aient été chassés, pour la plupart, de Homs et de Qusayr, ils étaient dans l’ancien village de Maloula et le long des montagnes de Qalamoun, et attaquaient également la route du sud vers Sweida. Cette année nous avons pu voyager librement par la route de Sweida à Damas, à Homs, à Lattaquié, avec juste un léger détour aux alentours de Harasta. Fin 2013, il y avait des tirs de mortier quotidiens à l’Est de Damas ; cette année c’est beaucoup moins fréquent. L’armée semble contrôler 90 % des zones densément peuplées.
Premier point :
il n’y a jamais eu de « rebelles modérés ». Un mouvement de réforme politique véritable a été déplacé par une insurrection islamiste soutenue par l’Arabie Saoudite, en mars-avril 2011. Dans les premiers mois de la crise, de Daraa à Homs, les principaux groupes armés comme la brigade Farouq étaient des extrémistes soutenus par l’Arabie Saoudite et le Qatar, qui ont pratiqué les atrocités publiques et fait sauter des hôpitaux, utilisant des slogans génocidaires et pratiquant le nettoyage ethnique sectaire. [1] Les Syriens les appelaient déjà les ‘Daesh’ (ISIL) ou juste « mercenaires », ne se souciant pas trop des différents noms de marque. La récente déclaration du chef des ‘rebelles modérés’ Lamia Nahas où il affirmait que les « minorités de la Syrie sont mauvaises et doivent être éliminées », tout comme Hitler et les Ottomans ont éliminé des minorités, [2] ne fait que souligner ce fait. Le caractère du conflit armé a toujours été une confrontation entre, d’un côté, un état autoritaire mais pluraliste et socialement inclusif, et de l’autre, des islamistes sectaires du style saoudien, agissant en qualité d’armées de proxy pour les grandes puissances.
Deuxième point :
presque toutes les atrocités imputées à l’armée syrienne ont été commises par les gangs soutenus par l’Occident, dans le cadre de leur stratégie visant à attirer une intervention occidentale plus profonde. Cela inclut les accusations, discréditées, des armes chimiques [3] et les dommages collatéraux du soi-disant ‘ bombardement aveugle’. Le journaliste américain Nir Rosen a écrit en 2012, « tous les jours l’opposition donne un nombre de morts, généralement sans aucune explication… Bon nombre de ceux déclarés tués sont en fait des combattants de l’opposition morts mais… décrits dans les rapports comme des civils innocents tués par les forces de sécurité [4]. Ces rapports d’opposition sont encore invoqués par des groupes de partisans tels qu’Amnesty International (États-Unis) et Human Rights Watch, pour soutenir la propagande de guerre. L’armée syrienne a en effet exécuté des terroristes et la police secrète continue à détenir et à maltraiter des personnes soupçonnées de collaboration avec ces terroristes. Mais il s’agit d’une armée qui bénéficie d’un soutien public. Les bandes d’islamistes, en revanche, se vantant ouvertement de leurs atrocités ont peu de soutien public.
Troisième point :
bien qu’il y ait une « présence » terroriste dans de grandes parties de la Syrie, ni Daesh/ISIL, ni aucun autre groupe armé ne « contrôle » une grande partie de zone peuplée en Syrie. Les agences occidentales (telles que Janes and ISW) confondent régulièrement ‘présence’ avec ‘contrôle’. Malgré les offensives de Daesh/ISIL à Daraa, Idlib et à l’Est de Homs, les zones fortement peuplées de la Syrie sont sous contrôle de l’armée sensiblement plus forte qu’en 2013. Seules quelques zones ont été tenues par les djihadistes pendant plusieurs mois ou années. Dans n’importe quelle confrontation de quelque importance, c’est généralement l’armée qui gagne ; mais elle est sous pression et il n’est pas rare qu’elle fasse une retraite tactique, car elle se bat sur plusieurs dizaines de fronts.
L’armée syrienne a renforcé son bouclage autour du Nord Alep, Douma et Harasta et a eu de récentes victoires à Wafa, Idlib et Daraa. Avec les forces du Hezbollah, l’armée a pratiquement éliminé Daesh/ISIL et ses partenaires, qui ne s’entendent pas entre eux, des montagnes de Qalamoun, le long de la frontière avec le Liban.
Malgré des années de terrorisme de masse et les sanctions occidentales, l’État syrien fonctionne étonnamment bien. En juillet 2015, notre groupe a visité de grands centres sportifs, des écoles et des hôpitaux. Des millions d’enfants syriens fréquentent l’école et des centaines de milliers étudient encore dans les universités pour la plupart gratuitement. Le chômage, les pénuries et les pannes d’électricité gangrènent le pays. Les groupes takfiris ont ciblé les hôpitaux pour les démolir depuis 2011. Ils attaquent aussi régulièrement des centrales, amenant le gouvernement à pratiquer le rationnement de l’électricité, jusqu’à ce que le système soit remis en état. Il y a des pénuries graves et une pauvreté généralisée, mais, malgré la guerre, la vie quotidienne continue.
Par exemple, il y a eu controverse en 2014, au cours de la construction d’un complexe immobilier au centre de la Nouvelle Sham, une grande ville satellite en dehors de Damas. Le complexe comporte des restaurants, des boutiques, des installations sportives et, au centre, des manèges pour enfants et autres divertissements. « Comment l’État peut-il dépenser autant d’argent sur ce projet, alors que tant de gens souffrent de la guerre ? » disaient certains. D’un autre côté, il est dit que la vie continue et les familles doivent vivre leur vie. Après le Ramadan, pendant l’Aïd, nous avons vu des milliers de familles faisant usage de ce complexe très apprécié des enfants.
Les procédures de sécurité sont devenues « normales ». Les fréquents points de contrôle de l’armée sont abordés avec une patience remarquable. Les Syriens savent qu’ils sont pour leur sécurité, en particulier contre les bombes dans les voitures et les camions utilisées par les islamistes. Les soldats sont efficaces mais humains, échangent souvent des conversations amicales avec les gens. La plupart des familles ont un ou plusieurs de leurs membres dans l’armée et beaucoup ont perdu des êtres chers. Les Syriens ne subissent pas de couvre-feu et ne ressentent aucune crainte des soldats, comme cela s’est vu tant de fois, dans le passé, sous les dictatures fascistes soutenus par les États-Unis du Chili et du Salvador.
Dans le Nord, le maire de Lattaquié nous a dit que cette province de 1,3 millions d’habitants, en compte maintenant plus de 3 millions, ayant absorbé les personnes déplacées d’Alep, de Idlib et d’autres régions du Nord, touchées par les incursions des terroristes sectaires. La plupart sont dans des logements de l’État gratuits ou subventionnés, avec famille et amis, en location ou dans les petites entreprises. Nous avons vu un groupe d’environ 5000 personnes, dont plusieurs viennent de Hama, dans le grand complexe sportif de Lattaquié. Dans le sud, Sweida a accueilli 130 000 familles déplacées de la région de Deraa, doublant la population de cette province. C’est pourtant, Damas qui absorbe la plus grande partie des 6 millions de personnes déplacées de l’intérieur et, avec un peu d’aide de l’UNHCR, le gouvernement et l’armée sont les principales organisations qui s’occupent d’eux. Les médias occidentaux ne vous parlent que des camps de réfugiés de Turquie et de Jordanie, installations principalement contrôlées par les groupes armés.
Le « régime attaquant les civils » ou bombardant « aveuglément » des zones civiles n’a de réalité que dans la propagande islamiste sur laquelle une grande partie des médias occidentaux se fonde. Le fait que, après trois ans, l’artillerie et l’aviation syriennes n’aient pas rasé des zones comme Jobar, Douma et la partie Nord d’Alep, prouve le mensonge des accusations contre l’armée. La prochaine fois que les médias occidentaux diront des « civils » sont tués par des bombardements aveugles du gouvernement syrien, vous pouvez être presque certain que cela provient de sources islamistes se trouvant être elles-mêmes la cible de l’attaque.
Cette guerre est menée sur le terrain, bâtiment par bâtiment, avec de nombreuses victimes militaires. De nombreux Syriens, à qui nous avons parlé, disent qu’ils souhaiteraient en effet que le gouvernement rase ces villes fantômes, disant que les seuls civils qui y restent sont les familles et les collaborateurs des groupes extrémistes. Le gouvernement syrien procède avec une plus grande prudence.
Les États de la région voient ce qui va se passer, et ont commencé à reconstruire des liens avec la Syrie. Pourtant, Washington pousse ses mensonges des armes chimiques (malgré des preuves indépendantes), mais n’a plus assez de tripes pour une escalade majeure, en souvenir de fin 2013, après la confrontation avec la Russie. Il y a encore beaucoup de bellicisme [5], mais il est à noter que l’Égypte et les Émirats Arabes Unis (EAU), ennemis de la Syrie il y a peu de temps encore, sont désormais en train de normaliser leurs relations diplomatiques avec Damas.
Les Émirats Arabes Unis, peut-être la plus « souple » des monarchies du Golfe, mais dont les liens avec le vice-président Joe Biden l’amènent à soutenir Daesh/ISIL [6], ont leurs propres soucis. Ils ont récemment arrêté des dizaines d’islamistes pour complot visant à transformer la monarchie absolutiste en un califat absolutiste. [7]. L’Egypte, dans des mains militaires après un éphémère gouvernement de Frères musulmans qui voulaient se joindre aux attaques contre la Syrie, est maintenant aux prises avec son propre terrorisme sectaire, de ces mêmes Frères Musulmans. Le plus important des pays arabes aujourd’hui défend l’intégrité territoriale de la Syrie et soutient (au moins verbalement) les campagnes syriennes contre le terrorisme. L’analyste égyptien Hassan Abou Taleb appelle ce message « condamnation et rejet des mesures unilatérales de la Turquie contre la Syrie » [8].
Le gouvernement Erdogan a tenté de placer la Turquie à la tête d’une région de Frères musulmans, mais a perdu des alliés. Il est souvent en désaccord avec ses partenaires anti-syriens et fait face à une dissidence intérieure. Washington a essayé d’utiliser les séparatistes kurdes contre Bagdad et Damas, alors que la Turquie les considère comme ses principaux ennemis, et les islamistes soutenus par l’Arabie les abattent comme « apostats » musulmans. Pour leur part, les communautés kurdes jouissent d’une plus grande autonomie avec l’acceptation de l’Iran et de la Syrie.
L’accord récent de Washington avec l’Iran est une évolution importante, parce que la République islamique reste le plus important allié régional de la Syrie laïque, et un ferme opposant aux islamistes style saoudiens. L’affirmation du rôle de l’Iran dans la région irrite les Saoudiens et Israël, mais est de bon augure pour la Syrie. Tous les commentateurs voient une manœuvre diplomatique pour un positionnement après l’accord avec l’Iran et – malgré la récente exclusion de l’Iran d’une réunion entre les ministres des affaires étrangères russe, américain et saoudien – il y a peu de doute que la main de l’Iran a été renforcée dans les affaires régionales. Une rencontre insolite entre le chef du renseignement de la Syrie, le brigadier-général Ali Mamlouk et le ministre de la défense saoudien, Prince Mohammed Bin Salman [9], montre également que le gouvernement syrien a repris des discussions directes avec le principal commanditaire du terrorisme dans la région.
La Syrie est en train de gagner car le peuple syrien a soutenu son armée contre les provocations sectaires, menant principalement leurs propres batailles contre le terrorisme multinational sponsorisé par l’OTAN et les monarchies du Golfe. Les Syriens, y compris les plus pieux musulmans sunnites, n’accepteront jamais l’Islam pervers, sectaire, de têtes coupées, promu par les monarchies du Golfe.
La victoire de la Syrie aura des implications plus larges. Elle sonne la fin des « changements de régime » de Washington qui, jusqu’ici, ont toujours marché comme sur des roulettes dans toute la région, de l’Afghanistan, l’Irak à la Libye. Outre les morts et la misère causés par cette sale guerre, nous assistons à l’émergence d’un « axe de la résistance » plus fort. La victoire de la Syrie sera également celle de l’Iran et de la résistance libanaise, menée par le Hezbollah. En outre, le conflit a aidé à construire d’importantes mesures de coopération avec l’Irak. L’incorporation progressive de Bagdad dans cet axe scellera l’humiliante défaite des plans pour un « nouveau Moyen-Orient » dominé par USA – Israël – Arabie Saoudite. Cette unité régionale arrive avec un coût terrible, mais elle arrive, néanmoins.
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Prof. Tim Anderson
Traduction Avic – Réseau International
13.08.15
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Source dans Réseau international en anglais : http://en.reseauinternational.net/?s=Tim+Anderson
[1] Tim Anderson (2015) ‘ Daraa 2011 : Insurrection islamiste de la Syrie dans le déguisement ‘, Global Research, 5 juin, en ligne : http://www.globalresearch.ca/daraa-2011-syrias-islamist-insurrection-in-disguise/5460547
[2] the Angry Arab (2015) « c’est ce que le candidat pour le gouvernement provisoire (opposition) de la Syrie a écrit sur Facebook : un Holocauste », le 4 août, en ligne :
http://angryarab.blogspot.fr/2015/08/this-is-what-candidate-for-syrias.html
[3] Tim Anderson (2015) ‘ Fabrications chimiques : Ghouta oriental et de la Syrie les enfants disparus », Global Research, 12 avril, en ligne :
http://www.globalresearch.ca/chemical-fabrications-east-ghouta-and-syrias-missing-children/5442334
[4] Nir Rosen (2012) « Q & A : Nir Rosen sur opposition armée de la Syrie », Al Jazeera, 13 février, en ligne :
http://www.aljazeera.com/indepth/features/2012/02/201221315020166516.html
[5] Appuyez sur TV (2015) « Syrie »ne devrait pas interférer » dans des opérations militairets de groupes soutenus par les États-Unis, 3 août, en ligne :
http://www.presstv.com/Detail/2015/08/03/423141/us-syria-isis-isil-assad-josh-earnest
[6] Adam Taylor (2014) « derrière gaffe mensonge réels soucis de Biden concernant le rôle des alliés dans la montée de l’État islamique », Washington Post, 6 octobre, en ligne :
https://www.washingtonpost.com/news/worldviews/wp/2014/10/06/behind-bidens-gaffe-some-legitimate-concerns-about-americas-middle-east-allies/
[7] Bloomberg (2015) » Émirats Arabes Unis à poursuivre 41 accusés de tenter de califat établir’, 2 août, en ligne :
http://www.bloomberg.com/news/articles/2015-08-02/u-a-e-to-prosecute-41-accused-of-trying-to-establish-caliphate
[8] Reuters (2015) Egypte défend l’unité territoriale de la Syrie, après que la Turquie se déplace contre IS’, 2 juillet, en ligne :
http://uk.reuters.com/article/2015/07/29/uk-mideast-crisis-syria-egypt-idUKKCN0Q31AY20150729
[9] Zeina Karam et Adam Schreck (2015) « Iran nuclear deal ouvre voie diplomatique pour la Syrie », AP, 6 août, en ligne :
http://news.yahoo.com/iran-nuclear-deal-opens-diplomatic-channels-syria-161740195.html