Qui était Abdelhamid Benzine ? Aperçu biographique*

dimanche 24 mars 2013
par  Alger républicain

Sa jeunesse et son engagement

Abdelhamid Benzine est né le 27 avril 1926 à Beni Ouartllane.
Très jeune il s’engage dans le combat pour la libération du pays. Il a à peine 14 ans quand il rejoint en 1940 le Parti du Peuple Algérien interdit depuis 1939.

Il est arrêté au collège de Sétif en pleine campagne sauvage de répression du soulèvement du 8 mai 1945. Il va croupir un an en prison. Cette épreuve précoce le préparera à en affronter d’autres encore plus dures lorsqu’aux premiers coups de feu du 1er novembre 1954 « l’heure des comptes » avec le colonialisme aura sonné. Il milite jusqu’en 1951 au sein du PPA refondé en 1947 sous le nom de Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques.

Puis il exerce diverses activités plus ou moins précaires tout en militant : receveur de car, aide-comptable, ouvrier du bâtiment. Au gré des luttes et des responsabilité que lui confie le mouvement patriotique, il est tantôt permanent syndical, tantôt permanent du PPA. En France où il séjourne quelques années pour gagner sa vie en travaillant sur les chantiers de la construction, il est désigné pour représenter les travailleurs algériens immigrés au sein de la direction de la CGT. Il assume cette responsabilité en application d’un accord passé entre ce syndicat et le MTLD. La CGT est le seul syndicat français à admettre dans ses instances de décision, des travailleurs algériens. C’est aussi le seul syndicat à accepter, en signe de solidarité internationaliste effective dans le combat anticolonialiste, que ce représentant soit désigné par l’organisation patriotique la plus représentative.

Cette responsabilité va accélérer chez Hamid la prise de conscience que la lutte pour la libération nationale ne peut affranchir les travailleurs du joug non seulement de l’oppression coloniale mais aussi de toute oppression que si elle est liée au grand combat planétaire pour l’abolition de l’exploitation capitaliste. Hamid va faire rapidement sa jonction avec le mouvement ouvrier international. Sa fréquentation du mouvement ouvrier français l’amène à réfléchir au contenu social de classe à donner à la lutte pour l’indépendance du pays. L’expérience acquise auprès de la classe ouvrière française et du parti communiste français, qui avait joué dès 1920 un grand rôle dans l’éveil politique des travailleurs algériens ramenés massivement en France pour remplacer les ouvriers français mobilisés dans la 1re grande boucherie mondiale impérialiste, a contribué à forger chez Hamid les solides convictions de classe qu’il ne trahira jamais durant toute sa vie combattante.

Il ne séparera jamais la lutte de libération nationale de la lutte pour l’émancipation des travailleurs et de l’affranchissement de la paysannerie pauvre algérienne non seulement de l’emprise du gros colon européen mais aussi de son asservissement par les féodaux algériens.

Pour Abdelhamid, l’indépendance devra libérer les masses de la servitude, de la misère et de l’exploitation. Le combat pour l’indépendance ne se limitera pas à chasser les colons européens Borgeaud ou Froger pour simplement les remplacer par des Algériens. Son ralliement politique et idéologique à la cause de l’émancipation des exploités, son ouverture sur la solidarité prolétarienne internationale, sa rupture avec le nationalisme étroit et chauvin, ses penchants pour la solidarité avec la lutte du peuple vietnamien, avec le peuple coréen violemment agressé par l’impérialisme américain, ne furent pas du goût de Messali auquel il avait exposé ses convictions profondes. Regrettant de l’avoir mis en contact avec les communistes, Messali lui reprocha de s’être laissé « teindre » par eux. « Sebghouk ! » lui dit-il en guise de sentence. Abdelhamid Benzine comprend alors que ce n’est pas dans le PPA-MTLD qu’il peut espérer réaliser cette grande vision du but de la lutte pour l’indépendance.

Son entrée au Parti communiste algérien, sa participation à la lutte de libération nationale

Conséquent avec lui-même il quitte le PPA-MTLD pour adhérer en 1953 sans hésitation aucune, au Parti communiste algérien où il va lier étroitement toute sa vie lutte pour la libération nationale et lutte pour le socialisme.

Il rejoint la rédaction d’Alger républicain au sein duquel il écrit de remarquables articles de reportage sur la condition des ouvriers agricoles. Il dénonce leur exploitation féroce par les colons.

Après le début de la guerre de libération, le 1er novembre 1954, il cherche le contact avec ses anciens compagnons du PPA-MTLD qui avaient pris les armes contre les colonialistes. [1]

Dans les Aurès, Abdelhamid Benzine, venu rejoindre le maquis en décembre après que Chihani Bachir le lui ait demandé, rencontre a proximité de Lambèse, un chef de section qui se souvient de l’avoir vu dans des meeting en 48. Celui ci lui conseilla alors de repartir sur Alger car la situation allait être très difficile pour lui. Ce patriote lui déconseilla d’intégrer le maquis des Aurès où des communistes qui avaient rejoint l’ALN étaient égorgés par des nationalistes sectaires animés par un anti-communisme primaire.(in La guerre d’Algérie d’Henri Alleg. Tome 2 p 114)

Impatient de prendre lui aussi les armes, Abdelhamid Benzine se rend alors dans les maquis de la région du Sebdou (Tlemcen). Là, le climat était plus unitaire. De nombreux militants du PCA étaient mêlés aux djounouds de ALN sans subir les exclusives et vexations que leurs camarades allaient endurer dans d’autres maquis, à l’est, au centre du pays ou en Kabylie.

En novembre 1956, il est blessé et fait prisonnier à l’issue d’un accrochage avec l’armée coloniale. Il est condamné par le tribunal militaire d’Oran à 20 ans de travaux forcés. Cette phase de sa vie de combattant armé, il la relate dans son célèbre « Journal de marche ». Les cahiers confiés à un militant, furent retrouvés après l’indépendance. Il connut différentes prisons à Tlemcen, Oran, Lambèse. Cet épisode qui va durer six ans, jusqu’à l’indépendance, le mit en contact avec des ouvriers, des paysans pauvres, des petits commerçants, tous emprisonnés pour leur participation au combat libérateur. Dans son livre « Lambèse » il restitue avec sobriété l’héroïsme admirable de tous ces combattants, face à la faim, au froid, aux maladies provoquées par les dures conditions de détention, face aux sévices quotidiens infligés par des gardiens sauvages se délectant avec sadisme du sang qui giclait sous les coups assénés à leurs victimes à l’aide de barres de fer ou de brodequins à semelles cloutées.

Abdelhamid décrit les liens de solidarité qui s’étaient noués entre ces héros anonymes arrachés à leurs familles et à leur terre par la soldatesque coloniale, venant des régions les plus reculées du pays et enfermés dans ces bagnes pour leur faire payer leur volonté de se libérer du colonialisme. Le témoignage qu’il rapporte dans ce livre sur ce que fut la guerre de libération devrait figurer dans les livres de lecture de nos collégiens et lycéens. Benzine a écrit l’un des livres les plus véridiques et les plus effrayants sur les horreurs et les crimes du colonialisme. Ces crimes ne sont pas le produit de quelques « instincts sauvages de l’homme en général ». Ils sont l’expression des tendances inhérentes aux méthodes d’extension de l’exploitation et de l’oppression capitalistes dans le monde. Il a composé un des chapitres du « livre noir » du capitalisme que l’humanité progressiste se doit de faire connaître dans le monde entier.

Emprisonnement et entrée au bagne

N’ayant pu le briser, l’administration coloniale décide de l’envoyer dans le camp spécial de Boghari. Dans ce sinistre camp sévissaient des résidus nazis que l’armée française avait recyclés pour leur art de faire souffrir à petit feu les prisonniers pris les armes à la main (PAM) avant de les exécuter froidement. Il y avait aussi quelques officiers français qui avaient découvert avec étonnement dans le « PAM » Benzine un homme de grande culture que le sadisme des « kapos » n’avait pas réussi à faire plier. Ils aimaient engager avec lui la discussion pour en savoir plus sur les raisons de cette volonté farouche du peuple algérien à mener son combat jusqu’à la libération. La direction du camp s’inquiéta très vite de l’impact de ces discussions sur le moral des officiers. Elle interdit à tout soldat ou à tout officier de dialoguer avec lui.

C’est dans ce bagne même, dans les pires conditions et humiliations, dans un climat de terreur permanent qu’il réussit à écrire secrètement « Le camp » et à le faire parvenir en France. Le grand et talentueux polémiste communiste André Wurmser le fit connaître dans « Lettres françaises ». Il eut un grand retentissement. C’est grâce à la campagne d’information immédiatement engagée que Hamid et ses compagnons échappèrent à la mort. De nombreux français découvrent avec horreur que leurs soldats se comportaient comme les bourreaux nazis suppliciant leurs prisonniers dans les camps de concentration de la 2e guerre mondiale. La campagne de dénonciation du « Camp » a eu pour résultat d’empêcher les bourreaux d’exécuter Hamid et ses compagnons comme prévu à l’occasion d’une des sinistres « corvées de bois ». Les colonialistes décident alors de disperser les prisonniers de Boghar. Il est envoyé au camp militaire de Hammam Bouhadjar.

Le cessez-le-feu est proclamé le 19 mars 1962. Mais il ne sera libéré qu’en juin, quelques jours seulement avant l’indépendance. Visiblement, les colonialistes tenaient jusqu’au dernier moment de leur présence en Algérie à l’empêcher de contribuer à la réorganisation de l’activité des communistes qui avaient survécu à sept ans et demi de répression sanglante.

1962. Benzine nommé Rédacteur en chef d’Alger républicain.

A peine libéré, dès juillet 1962, sans qu’il ait pu trouver le temps de se remettre des séquelles des blessures et des maladies contractées dans les geôles coloniales, il occupe le poste de combat que le PCA lui désigna : celui de rédacteur en chef d’ Alger républicain.

Il va conduire le travail de nombreux jeunes journalistes qui se jettent avec enthousiasme dans la nouvelle bataille : celle de la préservation de l’indépendance chèrement arrachée, celle de la lutte contre les tentations « wilayistes », les ambitions personnelles de certains libérateurs pressés de prendre la place des colons chassés du pays. Ce fut le point de départ de nouvelles batailles. Il fallait aiguiser la vigilance des Algériens pour leur dévoiler les manœuvres de l’ancienne puissance coloniale qui activait pour un statu-quo néocolonialiste laissant les terres entre les mains des colons et des bachaghas, maintenant le Sahara sous le contrôle des compagnies pétrolières, l’économie sous le talon de fer des banques françaises, le tout sans rupture avec le fameux « pacte colonial » en vertu duquel l’Algérie n’avait aucune vocation à s’industrialiser ou à se développer.

Sous l’impulsion de Abdelhamid Benzine, de Boualem Khalfa et de Henri Alleg, la nouvelle équipe d’Alger républicain mène une bataille vigoureuse pour la concrétisation des espoirs des martyrs de la guerre de libération : réforme agraire, juste répartition du revenu national, alphabétisation des masses, campagnes de vaccination de masse, de reboisement pour replanter les forêts ravagées par le napalm, campagnes de volontariat ouvrier pour réparer le matériel agricole des fermes autogérées par les travailleurs après leur abandon par les colons, démocratisation de l’école et de l’Université, récupération des richesses nationales, contrôle des travailleurs sur les entreprises nationalisées, émancipation des femmes, liberté de parole. Il dénonce la spéculation sur les prix des produits alimentaires de base. Il soutient le mouvement de protestation initié par l’UNEA contre le maintien de bases militaires françaises en Algérie, contre les essais nucléaires. Il manifeste sa solidarité active avec les peuples en lutte contre le colonialisme, avec Cuba et le Vietnam, etc.

Benzine et ses compagnons nouveaux ou anciens, ne connaîtront pratiquement pas de repos. Les nouvelles tâches exigeaient une mobilisation de tous les instants. Le pays grouillait d’arrivistes, de prétendants à la succession des anciens colons chassés du pays, de petits despotes qui comptaient se remplir les poches en profitant de l’aspiration du peuple à vivre dans la paix retrouvée et dans la confiance placée à tort ou à raison dans ceux qui dirigeaient le pays.

Alger républicain devait à la fois soutenir tout ce qui se faisait dans le bon sens et combattre ce qui trahissait les grandes espérances des masses laborieuses. Le journal dérange.

La droite du régime, appuyée par une « gauche » petite-bourgeoise hégémoniste, réfractaire de façon épidermique à toute action indépendante des communistes, échafaude des plans pour faire disparaître le journal devenu une immense tribune des lecteurs qui fustigent par son intermédiaire les déceptions et les déviations de chefs assoiffés de pouvoir à tous les échelons. Le congrès du FLN en avril 1964 est utilisé comme une tribune pour appeler à faire rentrer dans le rang le journal.

Alger républicain est menacé de disparition. Le stratagème qui se veut habile, consiste à le faire fusionner avec le journal gouvernemental « Le Peuple » sous le nom prestigieux d’El Moudjahid à l’occasion du 5 juillet 1965, jour anniversaire de l’indépendance. Le plan faillit se réaliser mais les événements qui se produisirent dans la nuit du 18 au 19 juin 1965 le firent avorter.

Benzine et ses camarades, Boualem Khalfa, Henri Alleg, Bouzid Benallègue, Noureddine Abdelmoumène, Mustapha Kaïd, William Sportisse, Salim Mohammedia et d’autres, n’hésitent pas avec l’ensemble de la direction et de la rédaction du journal à marquer leur désapprobation du coup d’État dirigé par Boumediene. Le journal ne peut plus reparaître en raison de son refus de publier la proclamation du Conseil de la Révolution qui a renversé le président Ben Bella. La fusion projetée est alors de facto rejetée par Alger républicain.

1965. Entrée dans la clandestinité - Création de l’ORP

Benzine et de nombreux autres responsables d’Alger républicain et du PCA sont contraints du jour au lendemain d’entrer dans la clandestinité, trois ans seulement après la libération du pays, alors que tout le monde s’affairait à panser les plaies, espérait construire un avenir radieux dans la quiétude de l’indépendance arrachée.

Le combat n’est pas fini. Il se poursuit dans de nouvelles conditions contre de nouveaux adversaires. Benzine et ses compagnons de lutte n’ont même pas eu le temps de souffler, de savourer ces instants magnifiques des premières années de l’indépendance, instants inoubliables malgré les conflits fratricides et la crise au sein du FLN-ALN et du GPRA, malgré les dérapages aventuristes qui auraient pu être évités en Kabylie. Alger républicain avait tenté lors de l’été de la discorde de peser en faveur d’une issue par la voie du dialogue pacifique et démocratique entre les frères de combat de la veille devenus des ennemis après l’indépendance. Son travail de popularisation du slogan lancé spontanément par le peuple « Sebaa Snine barakat ! » (Sept années ça suffit) a eu un effet incontestable mais ne pouvait pas régler les problèmes de fond laissés en suspens sur le meilleur moyen démocratique de désigner ceux qui devaient présider au destin de l’Algérie indépendante. Les désaccords et les divergences au sommet du nouvel État n’avaient pas disparu comme par enchantement. L’équipe d’Alger républicain devra payer le prix de la fidélité à ses orientations politiques. Benzine et ses compagnons vont entamer une nouvelle « marche ».

Il contribue dans un premier temps, en juillet 1965, à la création de l’Organisation de la Résistance Populaire (ORP) avec une frange du FLN, dirigée par Zahouane et Harbi, qui n’a pas accepté le coup de force. Durant cet été 1965, il échappe de justesse à une souricière. Bachir Hadj Ali, dirigeant du PCA n’aura pas la même chance. Comme tant d’autres militants, il est arrêté en septembre 1965 et subit d’affreuses tortures qu’il dénonce dans « Les fruits de l’arbitraire ».

1966. Participation à la création du Parti de l’Avant Garde Socialiste (PAGS)

Le 26 janvier 1966, Abdelhamid Benzine participe à la création du Parti de l’Avant-Garde Socialiste avec Sadek Hadjerès, Larbi Bouhali, Boualem Khalfa, Aziz Belgacem, Djelloul Nacer, etc.. Aziz Belgacem sera lâchement assassiné en décembre 1994 par les tueurs du FIS.

La création du nouveau parti s’impose sous la poussée des militants qui exigent la reconstitution du PCA auto-dissous durant l’été 1964 sous l’influence d’une analyse erronée, après l’adoption de la Charte d’Alger par le congrès du FLN, d’une surestimation du rapport des forces au sein du régime, d’une certaine naïveté devant les professions de foi révolutionnaires de nombre de dirigeants de « gauche » du FLN.

La création du PAGS au lieu du retour pur et simple au PCA sera cependant un compromis avec des tendances « gauche FLN » qui ne durera pas longtemps.
Pourchassés sans relâche, Benzine et ses camarades poursuivent le combat dans la clandestinité. Il doit changer plusieurs fois de refuge et de « planque ». En 1970 la police monte un piège pour le capturer. Elle croit naïvement qu’elle va pouvoir l’attirer dans le domicile qui fut le sien avant le putsch. Elle a réussi à retourner des militants menacés de subir les pires châtiments s’ils refusaient de se prêter à son plan. Mais le piège ne fonctionnera pas. Rageusement la police prend en otage son beau-fils, le fils de sa compagne Monique Guadant. Le PAGS dénonce avec vigueur le « fait du prince ».

Cette déclaration célèbre fit grand bruit dans le monde. En fait la provocation visait à détourner une frange patriotique progressiste de sa volonté de nationaliser le pétrole et de lancer la réforme agraire, de l’entraîner dans la spirale de la confrontation avec les communistes. Les intrigants voulaient empêcher tout rapprochement susceptible de se réaliser à partir de la lutte pour l’application de ces deux objectifs entre le PAGS et cette frange menée sous la conduite de Boumediene. Comme cela avait été prévu dans la plate-forme politico-idéologique adoptée en 1969 par le PAGS, des contradictions commençaient à se faire jour au sein du régime. Devant les blocages de la droite, conjugués aux énormes pressions de l’impérialisme français qui trouvait au sein même du régime des soutiens pour empêcher la nationalisation du pétrole, l’aile progressiste de la petite-bourgeoisie au pouvoir ressentait le besoin de nouer sous quelque forme que ce soit une alliance avec les communistes afin de réaliser les grands objectifs de la libération nationale.

Ce ne sera pas chose facile. la provocation montée contre Hamid s’inscrit dans tout un plan minutieusement monté. L’Union Nationale des Etudiants Algériens, dont plusieurs dirigeants se trouvaient encore dans la clandestinité depuis le 19 juin 1965, se bat pour la démocratisation de l’Université et en même temps pour la récupération des ressources nationales contrôlées par les compagnies françaises. Certains de ses dirigeants recherchés ont été capturés au cours de l’été 1968 et soumis à la torture. L’UNEA appelle cependant à soutenir le projet de loi sur la réforme agraire que Boumediene vient de faire adopter par le « Conseil de la Révolution ».

Cette loi, l’UNEA la revendiquait de toutes ses forces depuis son congrès de 1963. C’en est trop pour Kaïd Ahmed, responsable de l’appareil du « Parti » depuis décembre 1967 et grand chef d’orchestre de la mise au pas de l’UGTA, de la JFLN, de l’UNFA, de l’instrumentalisation des dockers pour briser les grèves universitaires d’avril 1968, de la création de « comités de quartiers » destinés à s’opposer aux comités de soutien de la révolution agraire et à jouer le rôle de réseau de délateurs chargés de traquer les communistes. Avec ses amis du ministère de l’Intérieur et de la DGSN, il fait arrêter des responsables de l’UNEA en décembre 1970. Il exploite les documents saisis, fait publier l’un de ces documents dans El Moudjahid pour prouver qu’il y a « complot communiste » avéré.

On se casse la tête pour comprendre la signification mystérieuse du « Plan W » de l’UNEA évoqué dans le document et exhibé comme preuve irréfutable d’un plan de renversement du régime par la force devant être puni par de longues années de prison. Les « enquêteurs » et les commentateurs zélés d’El Moudjahid provoqueront les éclats de rire des étudiants habitués depuis les bancs du lycée à remplacer dans leurs notes de cours le « travail » par le symbole « W » que l’on trouve dans tous les manuels de physique !

Dans les rangs du PAGS aussi tout le monde rit. Benzine a dû certainement se régaler de cette blague. Mais et sur la base des documents saisis, bien qu’ils ne prouvent rien pour justifier la thèse de la « subversion », Kaïd Ahmed exige et obtient la dissolution de l’organisation estudiantine. Pourtant, la manœuvre n’atteindra pas ses objectifs. Le pétrole est nationalisé le 24 février 1971 et l’Ordonnance portant Révolution agraire est promulguée le 8 novembre de la même année. L’un des étudiants arrêtés et envoyés d’office au service national avant d’avoir achevé leurs études, sortira brillamment major de la promotion des officiers de réserve formés à l’École interarmes de Cherchell en mai 1972. Cette promotion est baptisée « Révolution agraire ». Hasard de l’histoire, le protocole fera asseoir durant le repas de fête aux côtés de Boumediene le major de promotion, un responsable de l’UNEA et militant du PAGS arrêté quelques mois auparavant !

L’année 1972 ne se terminera pas sans qu’un événement politique important ne se produisît. Les clivages s’approfondissaient au sein du régime. La « Révolution agraire » est lancée en juin 1972. La médecine gratuite est instituée et la « gestion socialiste des entreprises » est ordonnée. Kaïd Ahmed est destitué en novembre. Il avait tenté de soulever les féodaux et les gros propriétaires fonciers visés par la Révolution agraire. Sur toutes ces questions le PAGS exprimait ses réserves et en même temps, soutenait leurs aspects positifs tout en jouant un rôle de premier plan dans la mobilisation pour les faire appliquer en dépit de son interdiction.

1974. Sortie de la clandestinité

C’est dans ce contexte, que pour faciliter le processus de rapprochement autour de ces tâches, le PAGS décide après mûre réflexion de prendre le risque de faire sortir de la clandestinité un certain nombre de dirigeants en 1974.

Abdelhamid Benzine, Boualem Khalfa et d’autres sont chargés de mener un travail semi-légal de concertation avec les patriotes révolutionnaires et de faire connaître les positions des communistes. La mobilisation populaire autour des tâches révolutionnaires est telle que la droite du régime n’ose pas procéder à leur arrestation ou à s’attaquer à eux. L’aspiration à l’union des forces révolutionnaires en dehors ou au sein du pouvoir est forte mais l’hégémonisme recule difficilement. L’aile réactionnaire du régime orchestre régulièrement des campagnes d’intox pour affaiblir le courant « boumediéniste ». Ce dernier n’est pas tout à fait homogène et a encore du mal à accepter sans difficulté à apprendre à dialoguer avec les masses. Ses décisions favorables aux intérêts des masses sont sabotées à tous les niveaux. La réaction, qui occupe elle aussi des postes clés dans les appareils d’État, sait à la perfection comment exploiter les erreurs, mettre des grains de sable dans la machine, dresser contre le régime une partie de la population mécontentée par les pénuries.

Le travail des dirigeants du PAGS est intense. Car il s’agit maintenant de conduire une bataille de masse en s’emparant des décisions positives et, dans le feu de cette bataille, faire avancer la démocratie, renforcer l’indépendance des organisations de masse, démystifier le parti du FLN tout en œuvrant à sa rénovation. Ceci tant que les orientations officielles reflètent les aspirations des masses, s’inscrivent dans le processus historique d’édification des bases matérielles du socialisme, tant que subsistent des possibilités de faire évoluer «  gauche » le FLN, tant que l’aile progressiste du régime prend conscience de la nécessité de lever les entraves à l’action démocratique des travailleurs et de transformer effectivement l’État en État démocratique des travailleurs, de la paysannerie laborieuse et des couches patriotiques de progrès de la société.

Abdelhamid Benzine épaule ses camarades maintenus dans le travail clandestin en déployant une énergie peu commune pour clarifier les enjeux, rapprocher les révolutionnaires venus à partir d’itinéraires divers, garder le cap sur la nécessité de renforcer le parti.

Ce processus qui connut une formidable impulsion lors des grands débats populaires autour de l’avant-projet de Charte nationale de 1976 va subir un coup d’arrêt brutal en 1980, un an à peine après le décès de Boumediène, mort prématurément des suites d’une maladie que beaucoup jugent suspecte.

Abdelhamid Benzine est sur tous les fronts de ce combat difficile et d’une grande complexité. Il profite de sa marge de manœuvre pour animer les réunions clandestines des militants qui s’interrogent sur le nouveau cours des événements pris sous Chadli et sur la manière de le combattre. Il est en pleine réunion d’animation avec des camarades de la base lorsque le « virage ? droite » est pris à l’issue d’une réunion du comité central de juin 1980.

Aux camarades qui prédisent des explosions populaires inévitables à la suite de cet événement, Abdelhamid Benzine répond qu’il faut réfléchir à la question du pouvoir, un parti révolutionnaire ayant vocation à préparer les travailleurs à la prise du pouvoir. Faisait-il écho à une discussion au sein de la direction ou exprimait-il une position de fond pour la faire germer dans la tête des militants ? Des explosions sociales localisées, différentes par leurs revendication des manifestations de Kabylie, vont effectivement se produire quelques mois après, à Oran, à la Casbah d’Alger, dans d’autres villes du pays et surtout en 1986 à Constantine.

Il prend aussi sa part de tâches dans le travail international à l’occasion de sorties à l’étranger pour contribuer à la coordination du travail de direction.

Le 5 octobre 1988

Le 5 octobre 1988 la colère populaire éclate. C’est Chadli lui-même qui a mis le feu aux poudres par son discours du 19 septembre. Les forces du capitalisme ont pris du poids dans le pays sous ses 10 ans de présidence, avec sa complicité active et celle de très nombreux responsables militaires qui ne supportaient pas les interdits fixés par Boumediene aux détenteurs de l’autorité.

Ces interdits, Boumediene les avaient résumés dans ses célèbre discours de Constantine, Tlemcen et Tizi Ouzou :
« On ne peut exercer des responsabilités à la tête du pays et aspirer à s’enrichir. Il faudra choisir entre la révolution ( thawra) et la richesse (tharwa) ».

Cet ultimatum était insupportable pour les nouveaux nantis.

Désormais il s’agit pour les couches sociales nouvellement enrichies de se débarrasser officiellement et une bonne fois pour toutes de la tunique « socialiste ». Les dissensions du régime sur le partage du « butin » sont alors réglées dans un bain de sang. Aucun protagoniste de ces luttes internes pour l’accaparement des richesses du pays ne mourut durant ces sombres journées d’octobre. Mais plus de 600 jeunes révoltés par les injustices tombent sous les balles des militaires appelés à « rétablir l’ordre ». Il est connu depuis longtemps que cette explosion a été préparée par les éléments les plus réactionnaires du régime qui ont imaginé divers scénarios pour aller vite et publiquement vers le capitalisme en s’alliant à diverses forces rétrogrades après avoir isolé les progressistes et, en premier lieu, le PAGS.

La veille du 5 octobre de nombreux universitaires et syndicalistes ouvriers membres du PAGS sont arrêtés et torturés ou recherchés. La répression s’annonce féroce. Les comploteurs allument la mèche et cherchent à paralyser le PAGS pour l’empêcher d’influer sur la suite des événements projetés. ils ont peur qu’il puisse faire capoter leur plan. Mais l’explosion populaire a pris une telle ampleur que les services de sécurité ne parviennent pas à mettre en application leur plan de destruction du PAGS. Ils y arriveront cependant 3 ans plus tard, dans un autre contexte et ce sera de l’intérieur à la faveur de l’évolution à droite d’une bonne partie de ses cadres dirigeants.

Mais en ces journées d’octobre, et curieusement, un pan entier des éléments des services de sécurité ne semblait pas être au courant des tenants et aboutissants des plans des architectes de cette explosion. Des responsables très haut placés de la Sécurité militaire harcèlent Benzine dans son domicile même et le somment de faire passer le message au sein de son parti qu’il faut arrêter les émeutes ! Il a beau leur expliquer que si son parti soutenait naturellement la révolte populaire légitime produite par la politique du régime, il n’en demeurait pas moins qu’il n’avait aucune responsabilité dans la destruction des biens publics. Ils ne le croient pas. La suite, l’élimination de cette aile des « services », montrera qu’effectivement ils avaient été eux aussi les jouets d’une grande opération.

Les conséquences de cette opération allèrent bien au-delà des plans de Chadli. Le pouvoir est ébranlé. Il doit accepter le multipartisme, alors qu’il devait se contenter de créer des tribunes au sein du FLN tout en manoeuvrant pour garder le contrôle de la situation. Il sut donc rapidement retourner la situation qui pendant quelques jours aurait pu l’emporter. Il tira profit des hésitations du PAGS qui ne s’était pas préparé à cette situation.

Plus exactement la direction du PAGS a commencé depuis 1986 à tomber sous l’emprise idéologique de membres dirigeants convaincus que le rôle des communistes devait désormais consister à se battre pour le capitalisme en tant que voie inévitable et seule voie de développement rapide des forces productives, étant donné selon eux « l’inanité de la voie de développement non-capitaliste » et l’impossibilité de « brûler les étapes ».Verbiage pseudo-marxiste mis en avant pour avaliser la trahison sous la bannière du respect d’une prétendue orthodoxie découlant des lois du matérialisme historique. En conséquence de l’évolution interne de sa direction vers la défense honteuse du capitalisme, de la soi-disant impossibilité d’une alternative socialiste, le PAGS ne songe même pas à conduire une bataille pour la transformation du pouvoir, encore moins à se fixer l’objectif d’arriver un jour au pouvoir. On évoquera le retour des « démocrates-révolutionnaires » aux commandes. Merbah puis Hamrouche seront étiquetés comme représentants de ce courant qu’il fallait soutenir de toutes ses forces.

Les tenants de la défense de la voie capitaliste, maquillée sous couvert de « réformes », tentent mais en vain, d’entraîner derrière eux Abdelhamid Benzine. S’il n’a pas encore réalisé, tout comme d’autres membres de la direction ou de l’encadrement, toute la portée liquidatrice du tournant qui s’esquisse, Abdelhamid ne se laisse pas pour autant, et de façon quasiment instinctive, tirer dans une direction opposée aux convictions qu’il défend depuis des dizaines d’années. Il aura à se battre sur plusieurs fronts.

1990. Benzine nommé Directeur d’Alger républicain

Il a été nommé à la tête d’ Alger républicain pour en assurer la relance en 1990. Le contexte n’est plus celui de juillet 1962. La parti est entré en crise, faute d’orientations stratégiques justes. L’URSS vacille avant de tomber. Le doute puis les reniements se propagent rapidement. La confusion règne à tous les niveaux du PAGS. Le journal est donc convoité. Divers courants s’agitent pour s’emparer de sa direction. Une première crise éclate en mai-juin 1991, suivie d’une autre en janvier 1992, puis d’une troisième encore en 1993, quand les masques finissent enfin par tomber et que la référence au marxisme et au socialisme est abandonnée avec la liquidation du PAGS.

Certains croient que le vieux lion est terrassé. Ils sous-estiment les capacités de résistance des communistes dont les convictions n’ont pas été ébranlées. Abdelhamid Benzine ne sera pas seul dans cette bataille pour préserver le journal de la mainmise des forces du reniement ou des forces du pouvoir qui comptaient placer leurs hommes à la tête d’un journal aussi prestigieux. Boualem Khalfa, William Sportisse, Mustapha Kaïd, « Kourk », Chaoui, Bayoud, Kaïdi et d’autres encore, moins connus, font bloc avec Hamid pour déjouer les plans et les traîtrises. Les liquidateurs ne livrent pas la bataille à visage découvert. Ils mettent en avant la question de prétendus indispensables changements pour faire face au danger mortel de l’intégrisme.

D’autres se réfugient derrière l’absurde revendication du droit des journalistes à désigner les responsables de « leur » journal, hors de toute « interférence partisane ». Mais l’instinct forgé dans les contextes les plus variés d’un combat de plusieurs décennies réunit tous ceux qui restent fidèles à leurs idéaux. Ils comprennent que la lutte contre le danger de prise du pouvoir par le FIS ne justifie en aucune façon l’abandon des idéaux révolutionnaires défendus depuis toujours par le journal et le PAGS. Le journal échappera aux plans des divers courants liquidateurs.

La montée rapide du danger islamo-fasciste inquiète le PAGS et de larges couches de la société. Les renégats s’appuient sur cette évolution dangereuse pour convaincre les communistes de se dissoudre dans un vague « Front démocratique républicain » afin soi-disant de faciliter l’isolement du FIS et de permettre l’intervention de l’aile du régime opposée à son arrivée au pouvoir. Les renégats vont plus loin. Ils prônent ouvertement, en pleine session d’un comité central « élargi » en 1992, l’abandon de toute référence au socialisme et prétendent mettre en exergue les philosophes des « Lumières reconnus comme patrimoine de l’humanité tout entière », en opposition au « marxisme dogmatique, étroit et sectaire, idéologie d’une »minorité". Benzine leur réplique magistralement. Il réaffirme l’actualité du socialisme en dépit des victoires momentanées de la contre-révolution.

Benzine face au reniement du communisme par les responsables du PAGS en 1992

Dénonçant les plans des responsables du PAGS qui renient le communisme pour donner naissance à un parti non communiste sous une bannière « démocratique et moderniste », Benzine avait écrit en septembre 1992, dans une lettre au comité central du PAGS que le bureau politique refusa de diffuser, ces paroles impérissables :

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" Je souhaite que ceux qui restent attachés à l’idéal communiste, qui n’ont ni peur ni honte de prononcer ce mot sublime, noble, humaniste de communiste, qui sont suffisamment responsables pour assumer honnêtement l’histoire de notre mouvement communiste et ouvrier non seulement sans complexe mais d’une façon offensive, qui parce que communistes, restent debout quand tout s’écroule autour d’eux, quand les compagnons d’une longue et épineuse route se laissent prendre au piège des reniements et des abandons, je souhaite que ces communiste algériens, patriotes sans tâches, courageux combattants d’hier et d’aujourd’hui, se rassemblent et créent ou recréent le parti révolutionnaire de classe, nationale et internationale dont l’Algérie a besoin et longtemps encore aura besoin...

A un tel parti, véritablement révolutionnaire, dans l’action et non dans le discours, je ne manquerai pas d’apporter ma modeste expérience pour qu’il vive et se développe. Pour faire de notre patrie, un pays véritablement socialiste et bien plus tard, un pays communiste où tous les enfants au départ auront chance égale … "

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C’est donc en parfaite concordance avec cette conviction qu’il signe en novembre 1992 la déclaration des 21 membres du comité central opposés à la convocation d’un congrès de liquidation du PAGS. Et c’est tout naturellement qu’il co-signe un autre appel le 23 janvier 1993 et qu’il le fait publier dans Alger républicain pour dénoncer la forfaiture. Il invite à reconstituer le parti sur une base de classe, liant dans un même combat la lutte pour barrer la route aux forces rétrogrades à la lutte pour la défense des intérêts des travailleurs et de la paysannerie laborieuse, à la la lutte pour le socialisme.

Entrée de Benzine au Parti Algérien pour la Démocratie et le Socialisme, (PADS)

Il apporte un soutien sans réserve à la création du Parti Algérien pour la Démocratie et le Socialisme. Jusqu’à la fin de sa vie et malgré la maladie, il inscrit ses initiatives et ses décisions dans celles de son nouveau parti, souhaitant ardemment que ce parti s’implante profondément au sein de la classe ouvrière et de la paysannerie et apparaisse rapidement au grand jour. Abdelhamid Benzine avait vite compris que le chemin menant à cet objectif allait être plus long, plus difficile et plus compliqué dans le contexte national et international de contre-offensive réactionnaire, que celui des années 1950 que ses compagnons et lui avaient arpenté.

Il ne cessait de répéter qu’il fallait beaucoup de courage et de persévérance pour les nouvelles générations pour reconstruire le parti communiste dans des circonstances aussi difficiles.

Son combat, ses écrits et paroles, que certains tentent parfois de dénaturer en les citant hors de leur contexte, témoignent de sa fidélité pour les idéaux révolutionnaires qu’il a défendus toute sa vie durant. C’est en vain qu’on tentera de le présenter grossièrement comme un humaniste détaché des objectifs qui furent les siens à partir du moment où il donna son adhésion au PCA.

L’humanisme authentique et non l’humanisme creux des adeptes des initiatives caritatives est celui qui conduit à se battre pour supprimer à la racine l’exploitation et l’oppression sous toutes leurs formes. Le communisme est le seul vrai humanisme concret et conséquent jusqu’au bout, l’humanisme qui forge ses armes dans la lutte pour renverser le capitalisme, jeter les bases d’une société où l’injustice finira par disparaître, où il n’y aura plus jamais de dominés et de dominants, où les hommes maîtres collectifs de leurs moyens de production ne seront plus des loups les uns pour les autres, où la règle morale sera « un pour tous, tous pour un », où le but est l’épanouissement intégral de la personnalité et non l’accumulation de richesses matérielles sur les cadavres de millions d’hommes et de femmes s’entretuant dans des guerres interminables au profit des plus forts, où enfin pour paraphraser Marx la société sera régie par cette loi

« de chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins ».

Tel a été l’idéal de Abdelhamid Benzine. Il n’est dans le pouvoir de personne de travestir le sens de son combat.

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Zoheir BESSA

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*Les lecteurs sont priés de nous signaler les erreurs qui ont pu se glisser dans cet essai d’aperçu biographique en envoyant leurs remarques au journalici ---

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Lors de l’hommage du 6 mars dernier, un épisode qui aurait pu se terminer tragiquement en 1993 pour Abdelhamid fut évoqué.

Lors du déclenchement de la terreur organisée par les hordes de tueurs du FIS, Abdelhamid Benzine ne se laissa pas intimider les dangers qui pesaient sur sa vie.

Un processus qui devait le conduire à une mort certaine est enrayé en 1993. Un jeune terroriste se fait surprendre par l’explosion prématurée de la bombe qu’il transportait. Il subit de graves blessures et se fait arrêter. Il est jugé après sa guérison. La terreur est telle à ce moment que de nombreux terroristes se font libérer avec facilité grâce à de nombreuses complicités, à la plaidoirie d’habiles avocats qui les font passer pour de doux agneaux, ou à la peur qui planait dans les tribunaux chargés de les juger.

Ce terroriste prétend qu’il a été blessé au moment où il tentait de désamorcer la bombe. La version défendue et à laquelle évidemment personne ne croyait lui vaut d’être relaxé. Abdelhamid Benzine critique la décision du tribunal. Cela lui vaut par contre d’être poursuivi avec une rare célérité et condamné à une peine de prison ferme au prétexte de l’interdiction de commenter une décision de justice, comme si dans une situation exceptionnellement grave un citoyen n’avait pas le droit de s’élever contre toute décision, de quelque instance qu’elle émane, qui met en péril le pays et les libertés démocratiques.

En prison où de nombreux terroristes séjournaient déjà, Abdelhamid Benzine n’aurait eu que peu de chances de s’en sortir vivant. La nouvelle provoque la stupéfaction. Les solidarités exprimées de toutes parts, l’attitude exemplaire des policiers chargés de le conduire à Serkadji et qui déployèrent toute leur ingéniosité pour faire échouer la manœuvre, l’intervention du chef du gouvernement de l’époque firent avorter cette opération machiavélique.

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Zoheir Bessa

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* Nous remercions les lecteurs de bien vouloir nous signaler les erreurs qui ont pu se glisser dans cet essai d’aperçu biographique en envoyant leurs remarques par mail au journal ici ---

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Abdelhamid Benzine - Aperçu biographique
Dernière correction : 007 avril 2013

[1Complément apporté par Mohamed Rebah, historien : «  Avant de rejoindre le maquis des Aurès, Abdelhamid Benzine dirigea la région d’Alger des Combattants de la Libération (CDL). Il fut remplacé en décembre 1955 par Abdelkader Guerroudj. C’est un épisode que René Gallissot a omis d’indiquer dans son livre Dictionnaire du Mouvement ouvrier.  »