Roman

lundi 2 avril 2012

Othello et Desdémone par Alexandre-Marie Colin

Vendredi 30 mars 2012

Par bernard-deschamps.over-blog.org

Le couple S.S.était inquiet. Depuis des jours et des jours la rumeur enflait. Elle courait le long des ruelles sordides habitées par le petit peuple qui n’en pouvait plus. Sans travail, affamé, rançonné par la horde aux ordres du couple honni. La rumeur courait les vallées, épousant les méandres des rivières et s’insinuant dans le moindre hameau.

Elle volait de crête en crête, portée par la voix puissante des bergers et peu à peu envahissait tout le royaume. Le couple S.S.était inquiet car la colère grondait. Il avait, sans retenue, puisé dans les caisses de l’Etat, prélevé sa dîme sur le produit des ventes d’armes à ses voisins. Il était inquiet pour son avenir, il avait peur d’être renversé et de perdre une place aussi juteuse et d’être contraint de rendre des comptes sur ses malversations.

Les Grands du royaume, eux-mêmes soucieux de maintenir leurs privilèges, s’interrogeaient : le couple S.S., jusqu’alors si efficace, était-il toujours en mesure de juguler la révolte qui s’annonçait et qui pouvait déboucher sur une véritable révolution. Celle-ci était prêchée avec talent par le nouveau chef des insurgés, autrefois homme de cour, mais qui choqué au plus profond de sa conscience par les malheurs du peuple, avait, abandonnant tout, décidé de se ranger à ses côtés. Ses prêches enflammés rencontraient un écho croissant. Ceux qui jusqu’alors désespéraient, retrouvaient la confiance, redressaient la tête, sentaient, galvanisés par ses paroles, revenir leur force et leur courage. Ils rêvaient de s’emparer du palais et de faire régner la justice, la liberté et la fraternité dans le royaume. Ils ne croyaient plus les promesses mensongères du monarque qui, si longtemps, les avait abusés.

Othello et Desdémone par Alexandre-Marie Colin

L’issue semblait désespérée pour le couple infernal. S1 se tordait les mains, perdant les pédales, disant tout et son contraire, persuadé qu’il se retrouverait bientôt au cachot. Mais S2 veillait. Le chef espion faisait suivre depuis des mois, parfois des années, les Maures qui n’avaient pu rejoindre leur pays après qu’ils eussent été vidés de leurs forces avant d’être rejetés par les patrons voyous qui les employaient. Le Maure était depuis des temps immémoriaux, le bouc émissaire commode quand les choses allaient mal et qu’il fallait détourner la colère du peuple.

La peur de l’invasion maure avait conduit à bâtir sur chaque piton rocheux, des tours de guet, dont les lourdes pierres avaient été montées à dos d’hommes. S2 gardait donc dans sa manche cette carte qu’il croyait maîtresse : poursuivre la surveillance de ces hommes, jusqu’au moment où il les ferait arrêter sous le prétexte d’avoir découvert un complot. S2 attendait le bon moment pour frapper un grand coup qui impressionnerait l’imagination populaire, détournerait le mécontentement et resserrerait les rangs autour du Couple.

Ce moment n’était pas encore venu, il fallait laisser encore monter la grogne et quand elle aurait atteint le point critique, déclencher l’opération de police. Mais c’était compter sans un petit voyou N.N. auteur de divers larcins, condamné plusieurs fois et qui servait d’indic aux sbires de S2. qui le protégeaient. Fort de son impunité, N.N., qui lorgnait sur le trône du vieux roi de la pègre et voulait montrer à tous son savoir faire, décida de passer à l’action et, pour brouiller les pistes, trancha la gorge de deux hommes sans défense.

Il décida ensuite de frapper encore plus fort en s’attaquant à des enfants juifs, dont il fit couler le sang en invoquant Allah, afin d’orienter les recherches vers les milieux maures. Cette tuerie sanglante n’avait pas été prévue par S2. Qu’à cela ne tienne, S1 lança des appels à la vengeance et appela le peuple à le soutenir dans cette épreuve terrible. Les appels de S1 restant sans effet, S2, afin de montrer sa détermination interdit le territoire du royaume à quelques riches marchands orientaux qui avaient l’habitude de venir vendre leurs soieries et leurs épices. Cela ne s’avérant pas suffisant, il fit arrêter 17 marginaux présentés comme les auteurs supposés d’un complot contre l’État. Mais le bon peuple ne tomba pas cette fois dans le panneau et interrogea S1 et S2 : puisque les filières « maures » étaient suivies, pourquoi le tueur fou N.N. n’avait-il pas été arrêté avant qu’il accomplisse ses horribles meurtres ?

J’ignore comment cette histoire se termina. Je vous donne rendez-vous au 6 mai. Peut-être alors en saurons-nous davantage...

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Vendredi 30 mars 2012

Par bernard-deschamps.over-blog.org