Mission Otan en « Cérasie de l’Est »

dimanche 18 octobre 2015

L’exercice Trident Juncture 2015, le plus important de l’Alliance atlantique depuis 13 ans, a débuté. Il s’agit d’une vaste répétition d’un éventuel conflit avec la Fédération de Russie. Ce jeu de guerre se déroulera en deux parties distinctes et inclura un important exercice aérien, la Livex.

« En Cérasie de l’Est, un État a envahi un État voisin plus petit et menace d’en envahir un autre. Les implications de la crise sont mondiales. L’Otan lance une mission internationale d’assistance et de soutien pour protéger les États menacés » : tel est le scénario « simulé » par l’exercice Trident Juncture 2015 (TJ15). Les noms, explique l’Otan, sont « fictifs ». Mais il ne faut pas beaucoup d’imagination pour comprendre que la « Cérasie de l’Est » est l’Europe de l’Est et « l’envahisseur » est la Russie accusée par l’Otan d’avoir envahi l’Ukraine et de menacer d’autres États de l’Est.

Ce qui est en cours en Italie, en Espagne et au Portugal est donc un test réel de guerre sur le front oriental. Dans la phase initiale (3-16 octobre), dans le centre de Poggio Renatico (Ferrare), le premier opérationnel du nouveau Système de commandement et de contrôle aérien de l’Otan, 400 militaires de 15 pays « simulent les événements à affronter ». Ensuite, à partir du 21 octobre et jusqu’au 6 novembre, se déroule la Livex, l’exercice « réel » avec plus de 230 unités terrestres, aériennes et navales et des forces spéciales de 28 pays alliés et 7 partenaires (dont l’Ukraine), comprenant 36 000 hommes, plus de 60 navires et 200 avions de combat.

Dans la TJ15, les opérations au sol sont contrôlées par le Landcom, le Commandement des forces terrestres de l’Otan dont le quartier général est basé à Izmir (Turquie), sous les ordres du général états-unien Nicholson, qui a envoyé sur place plus de 250 membres du personnel. Les opérations maritimes sont contrôlées par le Marcom, le Commandement des forces navales de l’Otan dont le quartier général est basé à Northwood (Grande Bretagne), sous les ordres de l’amiral anglais Hudson. Les forces aériennes, par l’Aircom, le Commandement des forces aériennes de l’Otan dont le quartier général est basé à Ramstein (Allemagne), sous les ordres du général états-unien Gorenc qui est également commandant des forces aériennes états-uniennes en Europe et de celles pour l’Afrique.

Le TJ15 sert à tester la capacité de la « Force de réaction » (40 000 hommes), en particulier celle de sa « Force de pointe à très haute rapidité opérationnelle » projetable en 48 heures en dehors de la zone Otan vers l’Est et vers le Sud, dont le commandement opérationnel est exercé en 2015 par le Joint force Command de Lago Patria (Naples), sous les ordres l’amiral états-unien Ferguson qui est également commandant des Forces navales américaines en Europe et de celles pour l’Afrique.
L’Italie, a annoncé le gouvernement, a fourni pour l’exercice « des structures, des bases et des polygones ». Les bases et les polygones pour les forces aériennes sont particulièrement importants. L’Otan les énumère ainsi : Pise et Grosseto en Toscane, Pratica di Mare dans le Latium, Amendola dans les Pouilles, Decimomannu et Teulada en Sardaigne, Sigonella et Trapani en Sicile, en plus du porte-avions Cavour comme base flottante.

À la veille de la Livex, le 19 octobre, aura lieu à l’aéroport de Trapani Birgi la cérémonie d’ouverture, avec la participation de certains des plus hauts représentants militaires italiens et de l’Otan, suivie d’une conférence de presse et du survol des avions de combat (Eurofighter 2000 , F-16, AMX et autres) italiens, polonais, grecs et canadiens, plus un avion radar AWACS redéployé à Trapani à partir de la base Otan de Geilenkirchen (Allemagne).

Pas de cérémonies par contre, à la base de Decimomannu, utilisée également par les avions slovènes, et au polygone de Teulada où s’exerceront aussi des forces terrestres. L’exercice « réel » Livex avec des bombes et des missiles, qui en explosant répandront dans l’environnement de l’uranium appauvri et d’autres métaux lourds et substances chimiques toxiques, sèmera la mort en causant des cancers et des malformations congénitales. En payant avec l’argent public, obtenu à partir des coupes dans les dépenses sociales, les frais de la Livex.

.

par Manlio Dinucci

in Réseau Voltaire

15.10.15

Traduction : Catherine-Marie

Source : Il Manifesto (Italie)